mardi 19 février 2013

En attendant la suite....


...de mes aventures québécoises, mettez vous ça dans la rétine, et pis apprenez-le par coeur, tiens, ça vous f'ra bin toujours passer l'temps !






Ô toi, mon beau Berry
J'ai poussé dans ton sein sans en avoir conscience,
Je vivais dans tes mots comme on vit dans sa mère,
J'arpentais tes chemins, je marchais tes villages,
Ta lumière habillait déjà mes songes
Avant même de m'avoir sue être fille de ton sol

Ô toi mon beau Berry
Dans chaque bouche âgée je t'entendais chanter
Et m'étonnai qu'en ville on rie de mon accent
J'ai senti le mépris de tes sabots glaiseux
Le poids des rires sur de vieux dos courbés
La détresse de devoir te renier

Ô toi mon beau Berry
J'ai pesé la honte de ceux qui parlaient de ta voix
J'ai quelquefois eu honte moi-même
De ta rusticité – vois-tu, il faut m'en pardonner,
J'étais jeune...je n'avais rien compris
Comme je regrette la larme qui perlait à ton œil !

Ô toi, mon beau Berry,
Comme j'ai rêvé, plus tard, de ta colère !
Comme j'avais envie que tu te relèves !
Comme j'avais envie que tu te survives !
J'avais envie qu'on te respecte
J'avais envie que l'on t'estime

Ô vous, gens des villes bien trop fiers,
Ecoutez-la gémir, ma parlure qu'on oublie,
Ecoutez-la gronder les drapeaux rouges des barricades,
Les poings levés des opprimés,
Ma parlure dont on nous a fait honte,
Mon patois qui se meurt, écoutez-le enfin !

Ecoutez-les gémir,
Ma terre abandonnée à la spéculation foncière,
Mes paysans ruinés et suicidés,
Ecoutez-la ma terre, ma foi, mon passé
A l 'avenir étréci : qui donc viendra te relever, Berry ?
Qui donc te rendra ta fierté ?

Je n'ai que quelques mots à t'offrir en hommage
Je n'ai que mon amour en merci de tes dons
Berry, ma terre, mon partage,
Toi de qui je naquis et que je porte en moi,
Je suis fille de tes brumes, de tes longues rivières
De tes bois qu'on saccage, de tes terres alanguies

Ô toi, mon beau Berry.

Anne des Ocreries, 19 février 2013


17 commentaires:

  1. Zut, comm disparu dans les brumes...

    Alors je disais que réaction quasi simultanée de ma douce et de moizette ici, on pouvait, à la lecture de ton texte, se fermer les yeux et intervertir Berri et Québec, du moins sur plusieurs points. Alors tu le dédis en filigrane à plusieurs d'entre-nous et très certainement beaucoup d'autres pris dans la même galère.

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    1. Perspicaces, très chers amis.... ;-)

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    2. Alors, si ça parle à tout le monde, c'est que c'est bon, c'est que j'ai bien sorti de moi ce que je voulais dire.

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  2. Mon Dieu! Et je ne connais pas le Berry!

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    1. Pas grave ça, Manouche, y va pas changer de place demain, t'as le temps !

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  3. Superbe poème! Ris,Berry,ris, tant que tu auras des enfants aussi fidèles qu'Anne des Ocreries!

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    1. Bien que ce soit assez "dangereux" ( risquant de déboucher sur ces "nationalismes" de très mauvais aloi), il est bon d'inspirer l'amour du sol natal - sinon, comment saurait-on qui l'on est, ne sachant d'où l'on vient ?

      A manipuler, toutefois, avec prudence.

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  4. en quelque sorte on pourrait dire qu'il y a Berry en la demeure...
    ;-)

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  5. ce que je préfère dans les voyages (celui de l'Amérique m'a bouleversée) c'est le retour au pays ;)) Oui, c'est en le quittant, c'est en le retrouvant, qu'on sait ce qui nous fonde. Quel beau chant d'amour tu lui as écrit, et comme j'aimerais t'entendre nous le dire (un enregistrement sur une vidéo ?..)

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    1. Merci, Lucia, mais je ne m'en sens pas capable, en ce moment. :)

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  6. salut à toi Anne !
    bises !!!
    Doume
    je reviens ....

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allez, dites-moi tout !