lundi 27 décembre 2010

Conte de Noël (marronnier de saison) - 1



Comment Gris le Loup s'approcha des Hommes 1


L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.

Ils allaient se mettre en chasse, et Gris regarda sa horde avec fierté. Ils étaient tous, mâles et femelles, dans la force de l'âge, en pleine possession de leurs forces ; leur agilité, leur endurance et leur courage étaient sans failles, et lui, Gris, était leur chef.

L'hiver les voyait réunis, sa meute, et celle de Balafré, son frère, et celle de Roux, dont le poil fauve rutilait au jour de mille feux comme l'eau jaillissante des torrents. Ainsi ils unissaient leurs forces pour chasser, et affronter l'hiver. Gris avait établi sa dominance et il les menait tous.

Il hurla de toute sa joie et de toute sa faim. La Quête commençait, et les autres lui répondirent, impatients, affamés eux aussi - exaltés.

Ils s'élancèrent à la suite de Gris dans la nuit. Roux et Balafré couraient un peu en retrait, à hauteur de chacune de ses épaules, leur femelle auprès d'eux, et chaque meute suivait son chef.

Les vastes espaces endormis étaient leur fief. Ils chercheraient la Proie, la traqueraient sans pitié, et sa défaite serait aussi celle de leur faim. C'était la Loi.

L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.

Autour d'un feu des hommes étaient assis, dans cette cabane de bûcherons qui les abritait et dissimulait leurs rapines aux yeux de leurs semblables. C'étaient là gens de sac et de corde, et peu valaient grand-chose. Ils savaient tuer et piller, violaient selon leur faim, et s'entr'-égorgeaient sans pitié s'il le fallait.

Dans leurs yeux ne brillait aucune bonté, et leur rire n'était jamais gai. Ils attendaient là, désœuvrés, la bonne aubaine qui les ferait bourreaux, sans vergogne et sans remords.

Ceux de la bande partis en éclaireurs ne tarderaient pas à rentrer - ou pas, si d'aventure quelque aléa leur était advenu ; ils s'en moquaient. Aucun autre lien que leur propre intérêt ne les tenait ensemble, et ils ignoraient l'amitié. Celui tombé restait en arrière, laissé à son sort. Jamais leurs mains ne se tendaient.

Ils étaient des brigands.

L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.

La charrette, tirée par une vieille mule efflanquée, traçait péniblement son chemin sur la route empierrée recouverte de neige. L'homme sur le banc grelottait, emmitouflé tant bien que mal d'une vieille couverture qu'il peinait à maintenir fermée. A l'arrière, sur le plateau, au milieu de paquets, une femme appuyée contre le dos du banc gémissait à chaque cahot. On ne voyait guère d'elle sous les couvertures qui la recouvraient, assez pour voir qu'elle était jeune, et assez pour voir qu'elle souffrait. Le conducteur désespérait de trouver un village et un abri dans cette région désolée, la mule commençait à broncher de fatigue, et le but de leur voyage était encore loin devant eux. L'homme était inquiet.

Il redoutait ces routes désertes après la tombée du jour. Le risque était grand d'y rencontrer des loups chassant, mais plus féroces encore que les loups étaient les pillards, et il ne savait quel danger craindre le moins.

La charrette contenait tous leurs maigres biens, et sa femme, enceinte, approchait du terme. Il leur faudrait peut-être passer la nuit là, sur la route, au milieu des dangers, et le souci durcissait ses traits tandis qu'il songeait.
(à suivre)

20 commentaires:

  1. Wow! Quel retour Anne!
    Heureuse de te lire à nouveau.
    Bises, plein.

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  2. Sourire Anne, heureuse de te relire, j'allais dire de te revoir, tant je te vois dans ces lignes... Qui des loups ou des brigands sont le plus à craindre ?... Les uns sont liés, les autres seuls, la réponse est là. Bises ma belle, je ne t'oublie pas. J'attends la suite de ton récit comme un cadeau, ce sera quand il voudra, je serai là.

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  3. Je veux le Gris, même s'il est un brigand (en fait ce serait pas les Mages ?

    Ahahah je savais bien que la dame était enceinte et je devine bien qu'elle mettra au monde un garçon....j'ai hâte à la suite, j'espère que Raymond lira ce conte !

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  4. Y'a un loup qui va se faire passer un collier, là...je le sens bien...
    Bon, allez, la suite....la suite.....
    J'aime bien voir ce blog s'afficher dans la colonne latérale
    kiss, kiss
    Pomme

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  5. @ Framb' : Gros bisous ma belle, décembre étant égal à "mois de merde puissance 10", je me suis rencoignée dans ma tanière avec grand soin. ça m'a au moins fait pondre le conte qui commence ici, de Noël autant qu'un conte peut l'être ! et bien qu'en retard......☺

    @ Kat : Coucou ma Kat,la suite va venir tout doucement, mais au moins elle va venir ! Je suis pas mal en mode "pause" en ce moment, décembre ne me réussit guère.....mais on fera aller. Ton rire me manque, ma Kat. Plein de bises.

    @ Pomme : Elle va venir la suite, héhéhéhé....tu seras pas déçue, Pomme ! Je pense souvent à toi, j'espère que cette année tu t'es donné une jolie fête avec des gens ! Perso, Noël passé, ça va toujours mieux. je te colle de gros poutous, j'espère que tes donzelles et toi avez bien profité de la neige !!!

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  6. Tout cela me touche car j'aime tant les loups... et Loup Gris est le surnom que me donnent mes amis et ma compagne !
    Je viens aussi de remarquer à quel point notre maison ressemble à la vôtre (surtout sur la 3ème photo à gauche en partant du haut).
    Avec tout ça, j'allais oublier de te dire combien je suis content de te "revoir" ici :))
    sébastien

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  7. @ Rainette : je me disais aussi, j'ai été dérangée, j'ai pas tout répondu ! Il est chouette hein, le Gris ? J'espère aussi que Raymond le lira, et plein d'autres ! On va bien s'amuser, Rainette !

    @ Seb : Contente aussi de te relire, Seb, tu vas bien ? Joyeuses fêtes de fin d'année ! Marrant que nos maisons se ressemblent, non ? J'espère de tout coeur avoir ta compagnie durant ce petit conte ! :)

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  8. Jolie façon de revisiter et de rajeunir la sempiternelle histoire. J'attends la suite avec impatience. Bravo, Anne.
    Bises.
    L'oiseau

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  9. Oh le beau cadeau de Noël, chère anne, dont tu régales mes yeux avides,
    ces temps de froidure où l'on se sait quel danger redouter, de quel poitrail surgira le mal,
    de l'homme ou de la bête, lequel sera le moins cruel,
    superbe introduction,
    enfin ton talent retrouvé,
    MERCI!!!!!!

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  10. @ Bluebird : Merci ! La suite va venir, tu t'en doutes.....t'as plus qu'à patienter (ouh la cruelle torture ! ☺)
    Bises, l'Oiseau.

    @ Dom : Merci Dom, un vrai conte de noël qui va vous tenir quelques jours, je pense !!!

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  11. je crois que j'arrive au bon moment ... génial !
    merci à Ann-So de m'avoir dirigée jusque là !
    à bientôt pour la suite !

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  12. Bienvenue, Katimour ! ah aaaah......alors comme ça, Anneso racole ses copines ! :))))))
    Ma foi, je suis bien contente que ça te plaise, j'espère te voir des nôtres pour toute l'histoire, et si tu trépignes trop, tu peux toujours remonter ce blog à sa source.....il y a d'autres histoires ici ou là, qui t'aideront j'espère à patienter !

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  13. 'A va bien, je te remercie :))
    J'espère que c'est le cas pour toi aussi !
    Et c'est certain, je serai là pour lire tout ce conte qui s'annonce bien :)
    s.

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  14. Janvier s'annonce décent. Reste à voir le reste....Merci beaucoup, Seb !!! :)

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  15. Salut Anne, ça fait un bail que je suis venu: j'avais oublié comme c'est intéressant.
    Jean-Guy
    P.S. Super ton Conte de Noël

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  16. Merci Jigé ! Meilleurs voeux pour cette année ! moi, je suis toujours ton blog, bien que silencieuse, et je ne te perds pas de vue...:)

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  17. salut Anne des Ocreries ( j'adore ce mot )
    Je n'ai pas pris le temps de ce nouveau conte, mais ça ne saurait tarder, histoire de loups et de brigands, diantre ! l'image du "e-blog-book" donne envie;
    Je reviens... à pas de loup... :-)

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  18. Prends ton temps Laure, on n'est pas aux pièces...:)
    Il est là, le conte, je ne crois pas qu'il va s'envoler comme ça !!

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  19. Ah, bravo les cachotteries ! J'arrive un peu en retard mais point trop car l'hiver n'est pas fini. Ce début de conte me botte, je vais lire la suite, un petit peu chaque jour, à petite dose pour en apprécier le goût.
    Ton pote meyro "de sac et de corde".
    Biz

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  20. Salut, Vieux Forban ! si tu suivais, aussi, hein ! la prochaine histoire, je t'envoie un carton gravé ! ☺
    Très contente (et honorée !) de ta visite ! bises !

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