vendredi 31 décembre 2010

Conte de Noël (marronnier de saison) - 3




Comment Gris le Loup s'approcha des Hommes 3


- " Holà, l'ami !", cria-t-il dès qu'il fut à portée de voix, " auriez-vous du tracas ? "

L'autre leva la tête :
- " Oui, Monsieur, j'ai grand souci ! Ma femme que voici va avoir notre enfant, et souffre déjà grand mal ! Il est trop tard pour continuer, le petit est en route. Je tâche de faire du feu...."

Le cavalier rangea son arme, poussa son cheval non loin de la mule, mit pied à terre et attacha sa bête. Il songeait par devers lui que ça ne faisait guère son affaire, cela, et que ça ne lui donnait pas d'avance.....Mais le moyen de laisser deux êtres en perdition sur la grand-route, au milieu des bois, un soir de Noël ? C'était risquer la damnation, et il s'en souciait peu ; en général il n'était point dur à autrui, par tempérament et par intelligence, et ne refusait pas un service, persuadé que c'était le meilleur moyen d'en obtenir un en retour, quand l'occasion faisait besoin.

Il prêta assistance à l'homme pour lancer le feu, lui laissant le soin de trouver une marmite dans ses effets, de la remplir de neige et de la mettre à chauffer.

La femme était dans les douleurs, presque inconsciente, fiévreuse. C'était son premier petit, et d'après l'aspect qu'elle montrait, cela risquait bien d'être aussi son dernier, se dit-il tristement. Les choses étaient en route, et même en forçant sa bête jusqu'à la fourbure, il ne pourrait à temps aller jusqu'au village et ramener une matrone. Il fallait durer là, attendre que l'enfant fût né, puis les amener au village et les mettre à coucher dans la grange, faute de mieux. On verrait demain.......

Et l'attente commença dans le froid et la neige, et les gémissements de douleur de la femme qui peinait là, non loin d'eux, aussi près du feu que cela se pouvait. Les deux hommes se taisaient. De temps à autre le cavalier tenait haut une lanterne, quand le mari voulait juger de l'avancée du travail. C'était long, la femme était sans forces, le petit tardait à venir, et les efforts de la mère étaient faibles ; elle s'épuisait, rongée de fièvre. Les deux hommes n'osaient rien se dire, mais les regards graves qu'ils échangeaient disaient assez leurs craintes, et leur angoisse. Il n'était pas certain qu'elle y survive. Quant à l'enfant.....!

L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.

Sur la route quelqu'un marchait ; fatigué et dépenaillé, l'homme, pressé de retrouver la chaleur d'un bon feu et quelque nourriture, se hâtait. Il rapportait à ses complices d'assez bonnes nouvelles, car on était la nuit de Noël, et presque chaque logis resterait vide pendant le temps de la messe ! Il y avait des affaires à faire dans les fermes éloignées du bourg, à condition de faire vite, et de ne pas traîner.

Lorsqu'il aperçut un feu et une charrette devant lui sur la route, il stoppa net, alarmé. Qu'était-ce donc ? Se glissant aussitôt hors de la route, il s'enfonça dans les bosquet, marchant le plus doucement possible. Il arriva auprès sans même être entendu, tant les voyageurs étaient à leur affaire.

Bon, une femme qui accouche, bien. Deux hommes, facile d'en venir à bout. Personne à des lieues à la ronde, une aubaine facile. Bon, deux bêtes à revendre, une charrette semblant pleine, peut-être de l'argent.....Il fallait prévenir les autres ! Un rictus de satisfaction sur sa face de canaille, il s'enfonça dans les bois, cherchant son chemin, d'abord doucement, puis de toute sa vitesse quand il fut sûr qu'on ne pouvait plus l'entendre. Il connaissait les environs comme sa poche, et ne fut pas long à rejoindre sa troupe.

Il raconta sa découverte, et parla aussi des fermes que la messe de Noël allait vider de leurs gens. On mesura les risques. Dans les fermes il y avait des chiens, peut-être de vieilles gens ou quelque domestique commis à la garde, et peut-être des armes. Ces voyageurs sur la grand-route, encombrés d'une femme en gésine et peut-être sans armes, étaient un meilleur coup. Ils étaient plus nombreux, l'affaire serait facile, et tout de même de bon rapport.

Ils burent et, comme les loups quelque temps plus tôt, crièrent leur joie d'avoir à courir sus.

(à suivre)

14 commentaires:

  1. et bin j'espère que ces bougres vont se faire bouffer par les loups avant même qu'ils arrivent jusqu'à la charette !!!
    quand à la petite dame ..... povrette ... je crois bien qu'elle est mal barrée là .... à moins qu'il n'y ait un miracle de Noël :))

    bon attendons la suite ....

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  2. Oui, c'est une bonne idée, ça, attendons la suite...☺

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  3. Bin dites donc, ça a l'air de bien vous réjouir, Pomme et l'Oiseau, les misères de ces pauvres gens ? :)))))

    MEILLEURS VOEUX A TOUS !!!!!!!

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  4. Anne ma chère Anne que vois-tu donc venir au loin? Le sauveur ,le brigand ou le loup qui cherche sa survivance. Mon imaginaire me dit que cet enfant à naitre a une grande importance, mais qui sera le vrai héros de cette histoire? Qui vaincra? Le bien ou le mal? Moi ce que je vois au loin c'est le brouillard, mais que cache t-il? J'attendrai donc la suite...Raymond

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  5. "A trop aimer les loups, on déteste l'homme"
    Moi

    Mais bon, j'aime toujours les hommes malgré mon adoration pour les loups...

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  6. vivent les bandits de grand chemin
    vive la canaille
    a bas la marmaille!
    (pardon, c'est l'over dose de douceurs...)

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  7. @ Raymond : ah, j'espère que tu apprécieras la suite, Raymond !!! Attends bien le mot "fin" avant de te faire ton idée ! et ça te permettra de tout relire d'une traite, héhééééé.....:)

    @ Manouche : Rhôôôôôô ! Manouche, m'enfin ??!! hahahahahaha !!!!!

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  8. Bon ben c'est pas bien joyeux pour finir l'année que cette attaque en suspens sur de pauvres gens...j'espère que l'année 2011 va commencer avec des loups (à poils gris et roux) faisant détaler les loups à fusils...

    Meilleurs VOEUX à mon auteure préférée!
    Bizzzzétoilées

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  9. Tu verras bien......bonne année & gros bisous, ma Dom ! :)

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  10. ce serait pas une race de loup parlants ces brigands de grands chemins ? Argggggg j'ai hâte de voir la suite, surtout que Noel est passé là :)

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  11. D'accord, je poste un épisode plus tard quand j'aurais dormi, ce 1 er janvier, en l'honneur du Jour de l'An. :))

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allez, dites-moi tout !