L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.
Tandis que Gris et la Horde couraient à la Proie, tandis que les brigands se chauffaient dans l'attente, et tandis qu'une charrette errait seule sur une route incertaine, dans un village quelque peu écarté de la grand-route, chacun pressait son train et faisait diligence ; car ce n'était pas n'importe quel soir de l'année, que ce soir là.
Ce soir là, les âtres bien remplis crépitaient de bonheur. Ce soir là, les tables, aussi bien garnies que le permettait l'aisance de chacun, étaient dressées dans l'attente des convives, qui ne manqueraient pas de leur faire honneur, revêtus de leurs plus beaux habits de fête. Ce soir là, chacun pensait au beau moment qu'on allait vivre, à rire et à danser, avec les parents et amis.
C'était le soir de Noël, et les bêtes avaient été nourries et abreuvées avec soin et largesse, afin de n'avoir point à s'en préoccuper avant le lendemain, et parce que pour elles aussi c'était fête. Point d'âne et point de bœuf qui, épuisé de labeur le reste de l'année, n'eût ce soir-là reçu douceur et belles paroles, et tout était quiétude dans les étables chaudes.
Chacun se hâtait à sa toilette, et riait de bon cœur à la pensée du souper, mais avant il fallait remplir ses devoirs de Chrétien, et chacun avec soin se préparait pour l'office, que le sacristain sonnerait bientôt au clocher de l'église.
Dans une seule maison seulement, à la sortie du village, on guettait anxieusement le chemin, car l'homme du lieu, parti depuis le matin à la ville lointaine pour affaires, tardait à rentrer, et tous guettaient le pas de son cheval.
L'hiver était long et dur. La nuit était froide et cruelle.
Un cheval trottait comme il pouvait sur la route enneigée. Celui qui le montait avait hâte de rentrer, et pensait avec joie aux douceurs du foyer. Sa vente avait eu bonne conclusion, et il rapportait de l'argent, et quelques présents pour les siens.
Il poussait sa monture, bien qu'elle fût un peu lasse, parce que la nuit était venue et qu'il ne faisait guère bon s'attarder en chemin. Il espérait pouvoir rejoindre les siens rapidement, chez lui ou à l'office. Il tendait l'oreille, attentif, guettant les cloches qui sonneraient claires dans la nuit froide - mais il était encore loin. Il avait pris soin de s'armer pour la route, et redoutait le loup moins que le voleur, sachant sa bête rapide et le loup couard devant la force.
Il fut surpris d'apercevoir au loin une charrette arrêtée sur le bord du chemin. Mettant son cheval au pas, il sortit son pistolet de ses fontes, et arma le chien. Quoi qu'il y ait devant lui, il aurait matière à répondre si on voulait lui faire mauvais parti. Il s'approcha au pas. Bientôt, il distingua sur le côté de la route une mule attachée qui cherchait tristement pitance, puis entrevit le dos d'un homme occupé à rassembler du bois en tas, glané aux alentours, dans le dessein de faire du feu. Une forme oblongue, étendue non loin dans la neige, l'intrigua.
(à suivre)
Quel suspens !
RépondreSupprimerComme tu manies bien l'art du faire languir, chère anne,
RépondreSupprimercomme il tient en haleine ce suspens savamment distillé...
je suis charmée par les tournures de phrases à l'ancienne (ça change du langage texto!)
à présent,la main en visière, l'oeil perdu vers les lointains septentrionnaux, je
guette...
Superbe Anne, tu sais si bien nous emmener...
RépondreSupprimerA tous : Laissez-vous porter, chers amis, le voyage ne devrait pas vous déplaire...:))))
RépondreSupprimerCool ! Vais pouvoir conter ça à mes marmots ! :-)
RépondreSupprimer@++
Sousou - Rat compteur
Sousou ! contente de te savoir dans le coin ! Euuuuh......j'espère qu'ils ne sont pas trop jeunes, tes marmousets......attends d'avoir le tout avant de prendre ta décision !....☺
RépondreSupprimerBen Anne, pour un marronnier, enfin que tu dis...
RépondreSupprimerlulu.com pour 2011, minimum hein!
Je crois que je ne te lâcherai pas tant que je n'aurai vu tes écrits publiés. Roman ou nouvelles ou recettes de cuisine, à compte d'auteur ou pas, en ebook ou pas m'en fous.
Mais fais-toi publier! Tu vois bien la quantité de platitudes, de merdes ou de vagues brouillons régionalistes qui le sont! Tu ne fais pas mieux, en plus tu fais différent, c'est jamais lourd et ça vit!
Allez allez, pour l'année à venir tu te mets en valeur. Sisi, j'y tiens.
la suite ! la suite! la suite! la suite ! .....
RépondreSupprimer@ François : HAHAHAHAHAHAHA ! Quel enthousiasme, ça t'en a emmêlé les arpions, je crois bien ! "tu ne fais pas mieux" - ma foi, j'espère bien que si, toute vanité mise en poche, et j'espère bien ne pas faire pire, si c'est bien ce à quoi tu pensais. :)))))))
RépondreSupprimerMerci beaucoup, en tout cas, je suis touchée de ta gentillesse.
@ katimour : ça vient ! ça vient ! ça vient ! ça vient ! ☺ ☺ ☺
Bravo Anne. Une superbe écriture pour un conte dont j'ai hâte à demain pour en lire la suite.
RépondreSupprimerRaymond
toujours rien ???????
RépondreSupprimerque c'est long !!!!!
;-))
@ Raymond et à katimour : je publie un jour sur deux, pour laisser aux gens le temps de lire et d'arriver, il y a plein de monde absent en ce moment ! prochaine livraison, le 30 !
RépondreSupprimer1 jour sur 2 ????
RépondreSupprimeret prkoi hier c'était 2 en un jour alors ?????
et on est le 30 hein ! mais le 30 koi au fait ???? tu as pas précisé alors c'est vrai qu'on ne sait pas de quel mois tu parles !!
hihihi .....
kathie
Heuuuuuu....le 31, je voulais dire ! chuis un peu paumée, là.....
RépondreSupprimerHier, c'était pas deux en un ! c'est que hier, Anneso a publié les deux liens d'un seul coup ! regarde les dates de parution : premier épisode, le 27, second, le 29, donc suivant, 31. Logique....
RépondreSupprimerjespère qu'il ne faudra pas attendre l'année prochaine pour connaitre la suite!
RépondreSupprimerS'cusez madame, est-ce qu'il y aura un peu de "L'homme est un loup pour l'Homme" à la suite? Bonne route alors, vos premiers crayons m'semblent bien aiguisés...après ce trop long repos qu'il faut parfois se donner. Dis-donc, l'enclos de la bergerie est-il bien refermé? Ce serait dommage de laisser fuir les loups, sans les flatter un peu. Ma douce a ce grand talent de faire causette avec son p'tit cousin,le coyote, c'est assez beau de les entendre.
RépondreSupprimer@ Manouche : non, la suite, c'est demain !!!!
RépondreSupprimer@ MmwH : Tu verras...héhéhééééé.....Mince alors ! y a des coyotes par chez toi ? Quand tu dis "ma douce", tu parles de qui, au juste ? Parce que tu sais, ma Beauceronne, à moi, eh bien.....elle s'appelle Douce, justement....
Oui, je suis absente d'un peu partout depuis plus d'un mois - trop durs temps (au pluriel), trop peu de temps (au singulier), et trop besoin d'être ailleurs. Mais je reviens toujours tôt ou tard, isn't it.......
ça coule comme du sucre à la crème fondant....serais pas surprise que l'homme et le loup vont se parler...on en a un au Québec qui fait ça : Michel Pageau. Je te laisse le lien, tu peux cliquer sur flash ou html et visionner un petit film de lui et les loups. ET plein d'autres choses, sa femme elle catine les castors comme des timines.
RépondreSupprimerOuh, voilà des gens qui me plairaient ! :)))
RépondreSupprimerJe vais aller voir ça.
Tu verras, Rainette, tu verras l'histoire...
J'en remet demain !
Ma douce à moi n'est pas Beauceronne mais plutôt Abénaquise de la grande famille Algonquine et de quelques truchements métissés.Alors, question coyote, elle est en pays de connaissance par gènes interposés...
RépondreSupprimerMince ! tu es un homme heureux, dis donc.....et je donnerai cher pour l'entendre discuter avec ses cousins, ta douce....ici, par la force des choses, moi c'est plutôt avec les chats, que je discute d'occasion....ce qui n'est pas donné à tout le monde non plus, s'agit pas de faire "miaou", faut chopper l'accent...les coyotes, j'aimerais bien connaître un peu, y en a pas ici....
RépondreSupprimerBon, je fais équipe avec François... on ne te lâche pas jusqu'à ce que tu publies...
RépondreSupprimerEt pour t'encourager, je prend ici solennellement l'engagement d'en faire autant!!!
L'almanach est terminé, je le met au propre et je n'envoie à son destin..Ce que je peux faire, tu peux le faire, non?
Foin, de coyotes, j'ai les deux bergères qui attendent la suite surtout depuis que je leur dis qu'elles sont des loups...
kiss kiss
P.
Pomme, je t'adore....:)
RépondreSupprimerBelle vie à ton almanach !
Ne méprisons point les coyotes, canidés méconnus qui méritent attention.....tu as osé dire à des Border collies qu'elles étaient des louves ? hahahahahaha ! l'insulte suprême du chien de berger ! ☺
Suite demain.
Ouep, ben moi aussi je pense comme François et Pomme! Et j'attends demain avec impatience non feinte....
RépondreSupprimerDemain est arrivé, Blue ! le 3ème épisode est en ligne !!! :))
RépondreSupprimerFABULEUX !...
RépondreSupprimerPS : je répondrai à tes 1000 commentaires...
Merci, J. ! Héhé....il m'arrive d'être absente, mais je me remet toujours au courant !
RépondreSupprimerRe PS : J'ai répondu
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