lundi 8 juin 2009

ça me triture....



La gargouille de Kat

Je suis passée hier par le blog de Kat Imini, vous savez : " Des mots, des images", où elle publie des images-à-danser, des images-à-rêver, des images-à-penser, enfin, des images et des mots - titre explicite.

Et là, pour le coup, je me suis grattée le "cacouet", comme on dit par chez nous, à savoir, la nuque.

Sur une façade de pierre, triste et sale, sous une fenêtre close, doublée, obturée de rideaux, une fenêtre semblable à un oeil mort, à un refus, une figure grotesque de pierre grimaçait vers la rue, comme ça, telle quelle ; elle n'était pas en plein milieu de l'encorbellement (si c'est ainsi que ça s'appelle...y a-t-il un architecte sur le ouaibe ?), Kat l'avait baptisée "gargouille", or aucune gouttière n'arrivait jusqu'à elle.

Nina, dans son commentaire, a eu la même idée que moi : elle avait dû fuguer. Comprenez bien ; ça n'a rien d'amusant, de rester des siècles penché au même balcon, à invectiver contre le mal une foule de mécréants de plus en plus ignares, qui n'y prenaient plus garde...

J'ai zoomé sur la chose, qui m'a semblé un gros bouledogue penché vers l'extérieur, les joues gonflées, prêt à glavioter élégamment sur l'éventuel passant - ce qui, vous en conviendrez, n'est pas d'un chien bien élevé, même de pierre. Aucune ouverture en façade prévue pour une quelconque évacuation des eaux.

Or ça ! me dis-je, voilà qui est trop fort ! une gargouille qui ne gargouille pas ? Mais de qui se moque-t-on ?

Aussi sec, Anne-la-fureteuse, qui dormait pépère dans un coin de mon cerveau, a montré le bout de son nez : chic ! un mystère ! d'abord c'est quoi, une gargouille, finalement ?

Wikipédia répondit gracieusement à la question : "En architecture, les gargouilles (Étymologie, la gorge ou l'œsophage, du latin, gurgulio, gulia et autres mots similaires dérivant de la racine gar-, par allusion au glouglou de l'eau) sont des ouvrages sculptés d'évacuation des eaux de pluie des toitures, propres à l'art roman puis surtout gothique. Elles sont généralement des figures grotesques." (extrait de l'article, définition) ; je vous engage à aller lire le développement, il est intéressant.


Surtout, il me donna le fin mot de l'histoire ! ce bouledogue mal élevé n'était pas une gargouille, mais une chimère ! une ornementation grotesque, à but décoratif : " les chimères par contre sont des statues fantastiques et diaboliques qui ont une fonction purement décorative. Elles ont, comme les gargouilles, l'aspect d'animaux fantastiques et effrayants. Elles représentent des créatures malfaisantes, qui penchées vers le sol, semblent se repaître du spectacle des turpitudes de l'humanité." (cf Wikipédia, "gargouille")











Ipso-facto, j'en déduisis in-petto que le constructeur de l'édifice devait avoir eu, primo, un goût relativement bizarre en matière de décoration, deuxio, un humour sensiblement dépravé, à moins que les agents du fisc, les vendeurs de bible de pacotille, les camelots et autres mendigots de tout poil n'aient été à l'époque suffisamment harcelants pour qu'on les incitât à faire montre de prudence avant de frapper à l'huis.

En attendant, j'avais ma réponse à l'inquiétante présence, sur une vieille façade grise, de cette "gargouille sans cathédrale" qui avait interpellé l'oeil sagace de Kat.

Je pus enfin m'en aller coucher sereinement, et jouir d'un sommeil paisible.

PS : voici pour Kat, et son amour des fenêtres, celles qu'on peut voir à Bourges, sur la façade du Palais Jacques Coeur :


10 commentaires:

  1. Merci beaucoup, intéressant tout ça... Surtout que par pur hasard, je l'avoue, j'avais commencé mon "article" par : "Gargouille sans cathédrale…
    Chimère qui semble protéger... ". Je suis parfois inspirée, ça m'inquièterait presque, rire. Merci aussi pour les fenêtres de Bourges, elles me donnent une raison de plus de visiter cette ville que je ne connais pas encore...

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  2. Oui, j'avais noté, j'ai trouvé aussi la coincidence amusante ! Il arrive que l'on soit inspiré...l'inconscient nous propulse parfois dans des méandres déroutants..en tout cas, "ça me triture plus" ! mais il y aurait une belle histoire, sans doute, à raconter autour de cette sculpture...

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  3. oui, avec pour titre:
    La Gargouille aux Chimères

    ou encore:
    les Chimères de la Gargouille

    ou les Chigouilles de la Gare mère

    Les chigares de la Mérouille

    et une idée (faut que j'aille me coucher ça chauffe là-dessous)
    Pourquoi ne pas écrire une histoire collective??
    Un lance une phrase et les autres écrivent la suite et puisque "c'est çui qui dit qu'y est"
    j'y vais:

    La chimère au bord du toit rêvait: elle avait faim....

    bonne nuit , les petits
    PP

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  4. Bonne nuit, Pomme ! haha ! ça risque d'être croquignolet ! on verra bien qui s'y colle ! alors :
    "Depuis cinq siècles elle n'avait plus mangé, cinq longs siècles punie dans son carcan de pierre."
    Qui prend la suite, et où ?

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  5. "Cinq siècles de sommeil sans mordre dans un cou et se repaître de sang frais, presque une éternité."

    Serait-ce le début d'une suite ?

    L'oiseau

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  6. merci pour ces explications sur les gargouilles et chimères... de quoi nourrir notre imaginaire

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  7. Je pense que les chimères avaient également la fonction de faire peur au peuple s'il n'obéissait pas aux règles de l'église .
    La chimère est une représentation concrète qui va alimenter l'imaginaire de personnes non instruites , contribuer à faire peur de l'enfer .

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  8. oui, c'est très possible ; ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on gouverne avec la peur...c'est la meilleure alliée du pouvoir, quel qu'il soit...

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  9. Très récréative cette histoire de chimériques gargouilles, instructive et ludique,
    Décidément on ne s’ennuie jamais auprès de la Brune des Ocrerires ;

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  10. arf arf ! J'm'ai bien marrée avec la gargouille de Kat, pis avec Kat aussi du reste, on rigole bien, elle est chouette, Kat !

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allez, dites-moi tout !