Yvan
décide de m'emmener manger « Chez Schwartz » ; comme je
ne sais pas ce que c'est que « Chez Schwartz », cela ne
m'émeut pas outre mesure – la vaste renommée de l'endroit n'ayant
pas encore, à ce jour, pénétré les confins du Berry. Il paraît
que c'est tellement couru, qu'il y a la queue à tous les repas, et
qu'il faut alors attendre qu'il y ait de la place, car, là, on vous
place, on ne se met pas n'importe où. Jusqu'ici, pas de quoi
m'impressionner, les files d'attente et lieux exigus bondés, je
connais, j'ai pratiqué, c'est quand même monnaie courante, en
France. Si vous allez manger le midi Chez Chartier, dans le 9ème
arrondissement de Paris, vous aurez aussi une magnifique file
d'attente ( en plus d'un cadre historique). Là où je dresse
l'oreille, c'est quand Yvan m'annonce « viande fumée ».
Jamais mangé de ça, moi, alors je suis partante. Nous rejoignons le
Boulevard Saint-Laurent, nous tâchons de nous garer où nous
pouvons, et nous rejoignons le resto.
J'admire
la façade, la vitrine de la boutique, tandis que nous faisons la
queue. Nous voici enfin à une table, servis, et nous pouvons enfin
nous restaurer, tout en papotant à bâtons rompus avec nos voisins,
Angelina et Jack, qui sans façons entament la conversation, contents
de discuter avec une française. Je me régale, cette viande est
délicieuse, mais je ne puis en venir à bout complètement tellement
c'est copieux ( pourtant, j'ai pris une petite portion !), et nous
repartirons munis d'un petit « doggy bag », pour caler un
coin ultérieur. L'intérieur de chez Schwartz, tout en longueur, a
toute une atmosphère – et ça tourne depuis 1928 !!! J'adore cet
endroit.
En sortant, je décide de passer acheter des épices à la boutique, juste à côté. Et c'est « là », à cet instant précis, que la grande gourde que je suis a manqué causer un incident diplomatique : je demande à Yvan s'il sait quelle sorte de viande nous avons mangé, du porc ou du bœuf ? Devant le « heuuuuu... » très inspiré d'Yvan, me voilà partie à dire, pleine d'aplomb : « bah, c'est pas grave, on va demander à la personne de la caisse, au moment de payer ! » - et, soudain, au moment de passer la porte, j'avise une affichette sur la vitrine....j'agrippe le bras d'Yvan de toutes mes forces : - « hey ! On va même pas poser la question ! Ça peut pas être du porc ! » Sur l'affichette il était écrit : Charcuterie Hébraïque...
En sortant, je décide de passer acheter des épices à la boutique, juste à côté. Et c'est « là », à cet instant précis, que la grande gourde que je suis a manqué causer un incident diplomatique : je demande à Yvan s'il sait quelle sorte de viande nous avons mangé, du porc ou du bœuf ? Devant le « heuuuuu... » très inspiré d'Yvan, me voilà partie à dire, pleine d'aplomb : « bah, c'est pas grave, on va demander à la personne de la caisse, au moment de payer ! » - et, soudain, au moment de passer la porte, j'avise une affichette sur la vitrine....j'agrippe le bras d'Yvan de toutes mes forces : - « hey ! On va même pas poser la question ! Ça peut pas être du porc ! » Sur l'affichette il était écrit : Charcuterie Hébraïque...
Et
nous voilà pris d'un fou-rire mémorable, nous sommes entrés pétés
de rire dans la petite boutique, nous avons ri aux larmes et avons
eus bien du mal à nous reprendre, au moment de choisir les épices.
La personne à la caisse a dû nous croire cinglés....Notre rire a
repris de plus belle en sortant, quand nous avons levé le nez pour
regarder encore une fois le restaurant : pour ne pas l'avoir vu, que
c'était une charcuterie hébraïque, fallait vraiment être ramollis
du bulbe ! C'est pourtant écrit assez gros, misère !
Toujours
pantelants de rire, nous enchaînons, parce que j'ai une course à
faire. Direction « L'espace contemporain », galerie d'Art
de Montréal, 5175 Avenue Papineau, où se tient l'exposition
thématique « Voir et Percevoir », à laquelle participe
mon amie Eldiablo, à qui je dois remettre ce que j'ai apporté pour
elle, tout en récupérant ce qu'elle avait prévu pour moi, via Mme
Janet Blais, la galeriste, qui me permet aimablement, après demande,
de faire une prise de vue globale du lieu. Nous admirons donc,
quoiqu'un peu rapidement, les œuvres présentées, et nous filons,
car l'après-midi va passer comme un songe.
L'espace contemporain - galerie d'art de Montréal |
Etape
suivante : l'incontournable Mont Royal, évidemment. Nous n'irons pas
plus haut que le Chalet, pour la bonne raison qu'il neige, qu'on n'y
voit rien, et que mes bottes ont des pneus lisses – pas la joie
sur pentes glacées....Yvan peut se vanter d'avoir eu une française
cramponnée à son bras cet après-midi là ! Pardi, j'ai bien manqué
deux ou trois fois finir en bas su'mon cul ! Le froid aussi, mordant,
nous décourage, et puis, le temps manquerait d'aller plus haut...
Il ne faisait guère clair, sur le Mont Royal, ce jour-là. |
En
redescendant, je suis fascinée, le long de la route, par les eaux
figées arrêtées net dans leur course par la froidure, s'écoulant
du rocher. Il y a quelque chose d'incompréhensible dans ces
dentelles de glace suspendues sur la roche.
Près d'une sorte de
stationnement, nous nous arrêtons photographier un petit écureuil
gris, frigorifié, qui semble mal en point, si mal en point qu'un
monsieur n'aura aucun mal à l'attraper pour le mettre au chaud à
l'intérieur de sa veste. J'ai sur moi des petites pâtes de fruits
biologiques, sans sucre ajouté ni conservateurs, et j'en sacrifie
quelques-unes pour requinquer la pauvre bestiole, qui les ronge avec
une avidité et un plaisir non dissimulé. Il a fait de trop grands
froids, et la bestiole aura tiré de trop sur ses réserves de
graisse...Le monsieur l'emportera chez lui, tandis que nous
repartirons de notre côté. J'ai beau savoir que ces satanés
écureuils sont des plaies putrides quand elles s'abattent sur un
potager, ces peluches à ressorts me font craquer quand même – en
plein hiver ; à la saison des plantes potagères, je risquerais fort
d'être un peu moins amène....
produit frais en voie de surgélation. |
De
retour à Montréal, nous arpenterons les rues – et les librairies
(seule, la pensée de ma valise à traîner freinera mes
ardeurs....), Yvan me faisant aussi visiter le Montréal historique –
et celui de sa jeunesse folle, avant de retourner chez France, où
nous allons passer la soirée et où je vais dormir cette nuit.
Chez
France, nous trouvons Roch, et Claire, et nous passons une soirée
parfaitement échevelée, à déguster ses bons petits plats et à
rire comme des fous. Il fait bon, chez France... ( et ça l'air de
rien, comme ça, cette soirée – vous avez remarqué ? Et pourtant,
ce fut un moment inoubliable. C'est que les moments où l'on vit, les
moments où l'on est bien, on sait bien mal les dire....). Là,
encore, j'oublierai de sortir l'appareil photo. Tard, je m'affale
comme une masse, repue et écrasée de fatigue. Jour 2 : closed.
Du balcon de l'ôtel de ville, CE balcon, le Grand Charles harangua la foule. J'avais 1 an. |
les rues s'ouvraient à l'aventure..... |
la librairie du coin. |
une terrasse cachée, wow ! toute une aventure, vu de l'imaginaire, hein ? |
Tu auras vu à peu près la même chose que moi du Mont-Royal!
RépondreSupprimerÀ mon premier retour au pays, arrivée à Montréal sous -27°C sans compter le vent.
Première halte avec notre copain venu nous chercher à l'aéroport: le Mont-Royal, sous la neige folle et le grand vent. On n'y a pas fait 20 minutes :)
Nous n'avions, je crois, " que " -23°C, nous, et avec le "facteur éolien" ( un mec extra, ce facteur), on n'y a pas fait de petits non plus ! :D
SupprimerLes écureuils, pour moi qui demeure à la campagne et n'ai plus ni chat ni chien pour les chasser, très peu pour moi, belle lurette, qu'ils ne m'attendrissent plus. Les États-uniens les apprêtent sur le barbecue, tant mieux pour eux. Moi, je ne me permets même plus de nourrir les oiseaux pour être certaine de ne pas les voir arriver avec leur petite-grosse famille!
RépondreSupprimerY a vraiment mieux au Québec, crois-moi!
Oh, je te crois ! ça doit être de sacrés ravageurs, ces bestiaux-là, quand ça se fourre quelque part ; mais ils ont été une surprise, parce que ici nous ne connaissons que l'écureuil roux, qui a d'autres moeurs, et qui reste tout de même assez farouche par rapport à ceux-ci. ( ce dont je ne me plains pas, d'ailleurs).
SupprimerJe me souviens...
RépondreSupprimer:-)
Héhé, j'espère bien ! ;-)
Supprimer;o))
RépondreSupprimerQuant à moi c'est le premier
RépondreSupprimerroman-photo digne de ce nom.
Tu l'écris en ce moment Anne,
merci.
Ouais, c'est ce qu'il y a d'inscrit
au bas de nos plaques d'immatriculation
automobiles au Québec:
"Je me souviens".
Je me souviens être né
sous le lys français,(Montréal 1642)
puis d'avoir grandi sous la rose
de Lancaster.(conquête de 1760)
Qu'ils disent,officiellement.
Je crois perso que l'espèce
québécoise en est une
de sang-mêlé autochtone
et française d'abord.
Ensuite conquise par les anglais.
Qu'importe; ton récit de voyage
est le premier roman-photo digne
de ce nom maintenant.
Il est riche et unique
par ton oeil neuf
porté sur nous.
Jouissif en même temps
qu'une redécouverte
des terres par ton oeil
posé.
Merci.
Merci pour ce retour "vers le futur"? qui ravive tant de pures émotions!
RépondreSupprimerGrosses bises voyageuses
Guéris-t-on jamais d'être allé à Montréal ? bises, ma Dom...
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