Julia-h
Jacques. Le bilan était fait, elle n'en était pas amoureuse, il ne l'était pas d'elle. Elle n'avait pu lui donner l'héritier qu'il attendait, ne lui avait rien apporté que sa beauté en dot, et la fierté qu'il avait à se pavaner en l'ayant à son bras devant sa petite cour de jeune ambitieux. Elle "présentait bien", et savait se tenir en toutes circonstances, Julia. Mais ça ne faisait pas tout, et sa stérilité lui serait un argument pour recouvrer sa liberté.
Quand elle lui parla de divorce, il fit d'abord la grimace. Dans leur milieu, c'était encore un scandale, ou en tout cas, quelque chose dont on parlait à mots couverts. Mais Julia lui représenta qu'il n'aurait pas de pension à lui payer, et n'aliènerait donc pas ses avoirs ; ils n'avaient pas eu d'enfants ensemble, et cela lui donnerait l'occasion de devenir enfin père, et qui plus est père d'enfants légitimes. Enfin, il n'aurait qu'à présenter la chose à leurs connaissances en arguant cette infertilité comme cause nécessaire, avec le besoin, dans la position qu'il atteignait désormais, de s'allier une compagne qui fût réellement "de son monde". Les mœurs avaient évolué, que ne pouvait-il faire de même ?
Jacques, que cela arrangeait bien, dans le fond, y mit quelques formes puis consentit, et ils se quittèrent comme ils s'étaient pris, sans émotion particulière. Les formalités étaient lancées, cela suivait son cours. Julia allait donc, sous peu, devenir une divorcée.
Elle avait bien placé ses gains, n'était pas sans capital, et avait assez d'expérience et de références prestigieuses. Dans la région qu'elle allait rejoindre, elle pensait pouvoir se reclasser sans trop de soucis, avait de quoi "voir venir", effectuer les plus gros travaux de sa maison, et même de quoi la payer, ce qui aurait été à peine suffisant dans la grande ville qu'elle quittait ayant suffi dans cette province éloignée, malgré la proximité du front de mer. Mais le lieu était resté encore peu touristique, on n'était pas à Royan n'est-ce pas, et Julia se félicita d'avoir su faire de bonnes affaires. Mentalement, elle remercia Jacques, dont l'indifférence n'avait jamais été discourtoise et qui, tant qu'elle avait été sa femme, lui avait fourni de très bons conseils financiers dont elle avait su tirer parti.
Tout se présentait bien, et Julia, marchant dans l'eau le long de la crique, se sentait légère comme jamais encore elle ne l'avait été.
Elle allait venir ici, habiter la grande maison bleue qui lui offrait la rassurante sérénité de ses murs délavés, et commencerait ici sa véritable existence, non plus d'animal apeuré cherchant son salut dans la fuite, non plus de faire-valoir et d'animal de compagnie, mais la sienne propre, enfin. Elle souriait, détendue, les yeux emplis des bleus qui se répondaient autour d'elle, sous ce soleil cuisant qu'un vent amical rafraîchissait à peine.
Quand elle lui parla de divorce, il fit d'abord la grimace. Dans leur milieu, c'était encore un scandale, ou en tout cas, quelque chose dont on parlait à mots couverts. Mais Julia lui représenta qu'il n'aurait pas de pension à lui payer, et n'aliènerait donc pas ses avoirs ; ils n'avaient pas eu d'enfants ensemble, et cela lui donnerait l'occasion de devenir enfin père, et qui plus est père d'enfants légitimes. Enfin, il n'aurait qu'à présenter la chose à leurs connaissances en arguant cette infertilité comme cause nécessaire, avec le besoin, dans la position qu'il atteignait désormais, de s'allier une compagne qui fût réellement "de son monde". Les mœurs avaient évolué, que ne pouvait-il faire de même ?
Jacques, que cela arrangeait bien, dans le fond, y mit quelques formes puis consentit, et ils se quittèrent comme ils s'étaient pris, sans émotion particulière. Les formalités étaient lancées, cela suivait son cours. Julia allait donc, sous peu, devenir une divorcée.
Elle avait bien placé ses gains, n'était pas sans capital, et avait assez d'expérience et de références prestigieuses. Dans la région qu'elle allait rejoindre, elle pensait pouvoir se reclasser sans trop de soucis, avait de quoi "voir venir", effectuer les plus gros travaux de sa maison, et même de quoi la payer, ce qui aurait été à peine suffisant dans la grande ville qu'elle quittait ayant suffi dans cette province éloignée, malgré la proximité du front de mer. Mais le lieu était resté encore peu touristique, on n'était pas à Royan n'est-ce pas, et Julia se félicita d'avoir su faire de bonnes affaires. Mentalement, elle remercia Jacques, dont l'indifférence n'avait jamais été discourtoise et qui, tant qu'elle avait été sa femme, lui avait fourni de très bons conseils financiers dont elle avait su tirer parti.
Tout se présentait bien, et Julia, marchant dans l'eau le long de la crique, se sentait légère comme jamais encore elle ne l'avait été.
Elle allait venir ici, habiter la grande maison bleue qui lui offrait la rassurante sérénité de ses murs délavés, et commencerait ici sa véritable existence, non plus d'animal apeuré cherchant son salut dans la fuite, non plus de faire-valoir et d'animal de compagnie, mais la sienne propre, enfin. Elle souriait, détendue, les yeux emplis des bleus qui se répondaient autour d'elle, sous ce soleil cuisant qu'un vent amical rafraîchissait à peine.
(à suivre)
J'ai du mal à comprendre les couples qui vivent et se séparent ainsi .
RépondreSupprimerJ'avais environ 13 ans quand un jour, je dis à mon grand père :
-"Tous les couples du village vivent sans montrer de chaleur , de solidarité ,de tendresse .
Comment est ce possible ?"
Mon grand père fut étonné de ma question , ne la comprit pas bien , répondit vaguement .
J'ai toujours porté en moi l'image d'un couple soudé , solidaire , tendre .
Peut être par ce que n'était pas le cas de mes parents qui divorcèrent quand j'avais 7 ans .
Vous savez, Jean, on idéalise souvent ce qui nous a manqué.....le temps n'est pas encore si loin où l'on prenait en pitié les enfants de divorcés....qui vivaient cela forcément mal ! Nous, nous vivons avec en tête l'idée d'une union d'inclination, mais il ne faut jamais perdre de vue que devant le Code Civil, le mariage est d'abord un CONTRAT, liant un homme et une femme dans le but de fonder un foyer, certes, mais aussi de disposer au mieux des biens de chacun.....dans un certain monde, on s'occupait d'abord de caser ses avoirs, ou d'en récupérer. Les inclinations personnelles comptaient peu, et on règlait ça de cinq à sept, discrètement...."en dehors". Julia et Jacques sont à la charnière de deux époques, dans un milieu qui, pour aussi conservateur qu'il soit, ne peut pas passer au travers des mutations sociétales. Ils se sont pris pour toutes les raisons sauf l'amour, et se quittent de même, chacun cherchant sa propre route.....
RépondreSupprimerfondre ses bleus au coeur
RépondreSupprimerdans le vert d'océan
fondre ses bleus au cuir
dans le violet firmament
se fondre en paillettes cyan
pour renaître Autrement
C'est joli, Dom.....merci !
RépondreSupprimerOui , Anne , vous avez raison .
RépondreSupprimerMais ...je suis un idéaliste malgré mon âge !
Il en faut, Jean ! Chacun marche sur son propre chemin, celui qui est le sien, celui qui lui convient ! Il faut toujours, je crois, vivre au plus près de soi. Et accepter que les autres ne suivent pas le même chemin. C'est du boulot.....:)
RépondreSupprimerEn faisant défiler le texte, je remarque (enfin) les ânes. J'aime profondément ces animaux, alors je quitte le texte... et je dois reprendre depuis le début.
RépondreSupprimerMais quel ân... mais quel écervelé je fais !
Chuuuuut, Shaton ! c'est la surprise cachée, qui ne se dévoile pas à tout le monde ! car sur mon écran à moi, ils sont cachés par la bande-texe.....c'est le petit trésor que découvrent les veinards, à l'occasion d'une incartade de blogger......:))
RépondreSupprimerJe rejoins Jean dans l'idée que le mariage peut aussi être un engagement romantique.
RépondreSupprimerOui, romantique.
Et puis, un jour on décide que c'est justement de ne pas se marier qui est romantique. Pas de contrat, seulement l'Amour.
Il n'y a pas que les temps qui changent. Nous aussi, heureusement parfois.
D'accord, Framboise ; d'accord avec ça. :)
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