l'année où tout est parti en quenouille.....
C'était en 2008. Les mises bas approchaient, et les ennuis ont commencé. J’avais déjà perdu 7 bêtes dans la saison, pour diverses raisons ; la série noire n’allait pas s’arrêter là. Les premières mises bas m’ont prise au dépourvu, s’étant produite avant la date prévue.
J'ai d’abord perdu une mère, deux jours après qu’elle m'ait sorti un petit mort-né. La suivante est restée douze heures en travail avant que je ne réussisse à extraire un petit, prématuré et mort, déjà en décomposition à l’intérieur, à dix heures du soir. Le véto, appelé à la rescousse, a sorti le deuxième petit, mal fini et qu’il a achevé, et je pris la décision de faire rechercher les maladies abortives afin de savoir au moins quel mal combattre, et comment. Véto + analyses = factures conséquentes, pour apprendre que les biquettes avaient contracté la toxoplasmose en fin de gestation.
Sur ce, je reçoit une lettre des impôts m’annonçant la venue d’un inspecteur venant relever mes frais de fonctionnement afin d’établir la base future du forfait que nous payons chaque année en tant que cotisants solidaires ; ils choisissent un panel d’élevages, ramassent les chiffres, tirent une moyenne et hop, on paye. J’attend donc l’arrivée de monsieur M***, inspecteur des impôts.
Un monsieur pas désagréable du tout, qui va visiter le troupeau, à qui j’offre le thé, et nous parlons. Il a eu vite fait de diagnostiquer l’origine de certaines de mes difficultés, et de mettre un fait en évidence : mes bêtes ne rapportent pas ce qu’elles dépensent. Donc, soit j’arrête, soit j’opère des changements drastiques, soit je trouve une source alternative de revenus ; lui me conseille de faire de la volaille au noir (bin dis donc ! Pour un type des impôts !), “comme tout le monde” (ah ouais ?), et de virer chaque bouche inutile. Dans un sursaut de lucidité, je me résouds à suivre son conseil, surtout que grâce à la spéculation des salopards sur les matières premières servant à fabriquer les agro-carburants, le grain et la luzerne ont pris une sacrée hausse ; l’orge a doublé, la luzerne a pris 2 euros, et les éleveurs petits et moyens ne suivent plus, surtout qu’en chèvres il n’existe aucunes aides.
La mort dans l’âme, j’ai dû sélectionner les bêtes qu’il me fallait sacrifier pour restreindre mes frais de fonctionnement. C'était pas vraiment joyeux, mais j’ai pensé que si cet homme là s’était donné la peine d’ouvrir la bouche pour me conseiller, il fallait être idiot pour ne pas en tirer parti.
Donc, il a fallu porter les bêtes “au camion”.
Voilà la chose :
Il est environ neuf heures du matin, un jour de Mars, et nous sommes sur la route d’A****, vers une ferme appelée “la L****”, pour amener les bêtes aux maquignons.
Dans la cour de la ferme plusieurs véhicules chargés de chevreaux et de mères de réforme attendent déjà. L’air froid pique un peu les yeux, ça bêle à tout va dans les bagnoles.
On attend “le camion”, chacun à son volant, frileusement replié sur soi même ; on a échangé un bonjour et une poignée de mains avec les connaissances, mais ça ne converse pas. On est là pour affaires, on est au boulot, on a du boulot qui attend, c’est pas un salon de thé !
Sans compter que tout à l’heure il faudra sortir les bêtes devant tout le monde, et on sait bien que chacun, tout en affectant de regarder ailleurs, ou en causant à mi-voix comme avant la messe, aura sans rien dire détaillé nos bêtes et leur état de santé, estimé leur poids et supputé l’argent qu’on en tirera. Certaines fermières doivent même brosser les bêtes, tant leur poil est reluisant ; c’est que les autres, à l’état général, jugent aussi ta valeur d’éleveur !
Un vrombissement de moteur annonce l’arrivée des gars du groupe Doux. Les camions se rangent, et c’est le bruissement des bâches retirées des côtés, le claquement métallique des hayons baissés, les claquements des caisses en plastique tirées, les bêlements des bêtes déjà ramassées plus tôt sur d’autres points de rencontre.
Puis le maquignon chef tape dans ses mains : “bon allez ! On y va !” Alors commence le défilé, dans l’ordre d’arrivée ; on sort les chevreaux qui sont jetés sans ménagements dans les caisses de transport, on enfourne les plus lourds dans des sacs de jute le temps de les peser. Les petits d’une à deux semaines sont payés à la pièce, les lourds de plus d’un mois, s’ils dépassent les 12 kg, sont pris au kg ; les prix changent selon le mois de l’année : chers en janvier/février lorsqu’ils sont rares, les chevreaux peu à peu baissent de cours ; les petits vont à l’engraisseur, les lourds directement à l’abattoir, de même que les mères de réforme.
Le défilé se poursuit, les bétaillères se vident les unes après les autres. On donne le document d’accompagnement, on reçoit ses sous (chèque ou liquide suivant l’importance du lot livré), et on cède vite la place parce que quelqu’un attend derrière qui n’a pas plus de temps que nous, et parcequ’on n’a pas vraiment envie de s’attarder là.
C’est à moi. On extrait les chevreaux, et je regarde les hommes entasser mes petits dans les caisses ; je sais où je les envoie, et j’ai l’estomac tout rétréci. Enfin ils ouvrent les grilles des cages aux mères, et il faut vite charger, extraire chaque chèvre, attrapée par deux gars costaud qui t’enfournent ça un mètre plus haut dans les flancs des camions. J’ai préparé les documents administratifs que le maquignon-chef m’arrache en passant, calculette au poing il fait le compte.
Une poignée de billets m’est fourrée dans les mains, les portes grillagées se ferment et résonnent comme un glas (triste cliché) ; et je reste là comme une imbécile, le cœur gros.
Derrière je croise le regard étonné de ces bêtes qui ne sont plus à moi, mon grand Tango si doux, ma Romance qui m’a pourtant crevé deux chèvres, la garce, Sérieuse aux yeux de biche, si douce et si câline, et Tolérante, et Saga avec son petit, et Cannelle qui n’aura jamais porté mais qui n’avait pas grandi, toutes me regardent et s’angoissent, tandis que j’ai honte et mal de cette trahison et du sale coup que je leur fait. C'est la première fois que je "réforme" des adultes.
Une poignée de billets m’est fourrée dans les mains, les portes grillagées se ferment et résonnent comme un glas (triste cliché) ; et je reste là comme une imbécile, le cœur gros.
Derrière je croise le regard étonné de ces bêtes qui ne sont plus à moi, mon grand Tango si doux, ma Romance qui m’a pourtant crevé deux chèvres, la garce, Sérieuse aux yeux de biche, si douce et si câline, et Tolérante, et Saga avec son petit, et Cannelle qui n’aura jamais porté mais qui n’avait pas grandi, toutes me regardent et s’angoissent, tandis que j’ai honte et mal de cette trahison et du sale coup que je leur fait. C'est la première fois que je "réforme" des adultes.
Le maquignon me regarde goguenard (ah ces gonzesses ! Quelles chochottes ! Pour des bestiaux de rente ! Paysans d’opérettes ces néo-ruraux !) Et Monsieur l'Homme m'attrape par le bras et m’enfourne dans la voiture. Je n’arrive plus à déglutir tellement ma gorge est nouée. Nous fuyons l’endroit comme le terrain d’une défaite ; je serre encore cette poignée de billets froissés qui sont mes trente deniers à moi ; je n’ai même pas regardé combien ça fait. Je sais que c’est trop peu de toute façon.
En silence, nous rentrons à la ferme. C’est fini pour cette année, je n’ai plus qu’à m’en remettre.
Dans l’étable qui paraît vide ne restent que 13 mères. J’avais 30 bêtes en janvier 2007. Il est dix heures, j’ai pourtant la sensation étrange d’y être restée plus longtemps. Je jette dans le tiroir cet argent qui me coûte tant, et réfugiée près du gué devant l’eau qui coule, la tête entre mes mains je chiale, comme une brave conne, toutes les larmes que je peux verser.
Quand je rentre, un assez long temps plus tard, c'est pour cracher "j'arrête", d'une voix encore étranglée de rage et de chagrin.
Dans l’étable qui paraît vide ne restent que 13 mères. J’avais 30 bêtes en janvier 2007. Il est dix heures, j’ai pourtant la sensation étrange d’y être restée plus longtemps. Je jette dans le tiroir cet argent qui me coûte tant, et réfugiée près du gué devant l’eau qui coule, la tête entre mes mains je chiale, comme une brave conne, toutes les larmes que je peux verser.
Quand je rentre, un assez long temps plus tard, c'est pour cracher "j'arrête", d'une voix encore étranglée de rage et de chagrin.
Celles qui restent, j'ai décidé qu'elles mourraient chez moi, quoi qu'il en coûte.
L'aventure est finie.
Oui, je comprends que ça puisse être dur. Un sale moment à passer. Et tu le raconte tellement bien qu'on a l'impression de le vivre avec toi.
RépondreSupprimerBises, Anne.
Thierry
Oh, ben y'a une autre brave conne, qui voit mal son clavier à c't'heure...
RépondreSupprimerBon, écoute, une aventure comme ça, il vaut mieux qu'elle finisse ... et repartir, sur une route moins caillouteuse...
Prend ton fusil, Grégoire et ma soeur Anne ta plume, allez go, go, go...
Et l'alimentaire... peu importe... j'aimerais mieux servir des frites chez Mc Do toute ma vie que d'avoir à sacrifier des bêtes que j'ai vues naître...
Mais moi, je ne suis pas courageuse, c'est pour ça...
Bon, je renifle, je me mouche et vais promener la future maman...
Ca doit lui appuyer sur la vessie et les intestins, elle compisse et conchie la cuisine tous les matins...
Kisses
P.
Bluebird : merci. J'en garderai longtemps mémoire, de ces sales moments-là ! bises.
RépondreSupprimerPomme : bin, "ce" courage là, si tant est que ça en soit, je me demande encore comment j'ai pu le trouver ! Déjà, les petits....c'est dur mais on s'y fait ; mais les mères, que tu connais depuis toujours, dont tu connais chaque inflexion de voix, tout ça....ah non hein, là j'ai craqué. je pouvais plus. Sans compter l'épuisement physique, j'ai pas la carrure pour ce métier-là sur la durée !
donc, voilà pourquoi je chôme.
Argh. Poignant au max. Insupportable.
RépondreSupprimerE.: Encore pire à vivre qu'à lire ; L'élevage, c'est dur. Au physique autant qu'au moral. Faut un profil mental spécial pour réussir à "exploiter" (c'est bien le terme dans toute sa laideur !) un cheptel. J'avais envie de m'y prendre autrement, à la base, et de renouer avec des méthodes de production plus respectueuses - des bêtes, de moi, et de l'environnement. Comme ça dérange, et même que ça gêne, tout est fait pour que "ces élevages-là" foirent - pour que "ces éleveurs-là" se dégoûtent et jettent l'éponge. Pis en plus, j'avais pas bien mesuré mais....au finish, mes simples forces physiques étaient insuffisantes, en fait.
RépondreSupprimerBonsoir, je passais par là...
RépondreSupprimerVotre texte m'a bien prise aux tripes. Dans mes souvenirs d'enfant, il y a mes larmes lorsqu'on a fini par m'avouer que j'avais mangé l'agneau que j'avais nourri au biberon. Et pourtant chaque bête aussi chez nous avait un prénom. J'aurais vraiment pas aimé être à votre place, ce fichu jour. Mais, question carrure, vous en avez une sacrée, j'ai l'impression...
ouaip ! tu as bien raison de nous raconter cela ! il faut parler, il faut s'exprimer et ne pas laisser les journaux le faire à notre place. L'exploitation dont tu parles : oui celle des hommes que l'on empêche d'avoir une relation humaine avec son environnement, avec son travail !!! Leurs P. de chiffres et de statistiques nous font oublié qu'il y a des vies en jeux et des mondes qui s'écroulent.
RépondreSupprimerAs-tu lu "QUE MA JOIE DEMEURE" de Jean Giono. Un homme libre, un poète de la vie paysanne, surgit dans un village rural et "révolutionne" les comportements : c'est "l'envoyé du DEHORS" (sic)
Je t'embrasse. carole
Bonsoir, je passais par là...
RépondreSupprimerVotre récit m'a rappelé un souvenir de mon enfance : mes larmes quand on a fini par m'avouer que j'avais mangé l'agneau que j'avais nourri au biberon. Chez nous aussi, chaque bête avait un prénom... C'est rude, la campagne, faut pas avoir d'états d'âme il parait. Mais question carrure, il me semble que vous avez ce qu'il faut, et une bien belle façon de raconter...
J'ai l'estomac noué aussi à lire ton récit Anne, j'aime tellement les bêtes ! On s'attache autant qu'aux humains n'est-ce pas ?
RépondreSupprimerTu as probablement redoublé de petits soins pour celles qui restaient n'est-ce pas ?
Je comprends que tu ne veuilles plus recommencer cette aventure. Désolant.
Anonyme : Merci de votre visite, et de vos paroles. La campagne, c'est en effet très dur, et je crois qu'il faut apprendre à refouler beaucoup de choses - ne pas chercher plus loin les causes de l'apparente dureté des ruraux, ou de leur mauvaise humeur apparemment sans objet....ils rentrent leur douleur pour ne pas devenir fous, parce que leur conscience les taraude autant que moi ; mais c'est leur vie,, leur fonction et leur emploi, ils sont bien obligés d'y passer...ils ne s'endurcissent pas, ils se durcissent - nuance ! mais ils souffrent sans le montrer, et ça peut les rendre brutaux, parfois.
RépondreSupprimerCarole : Oui, tu vois, c'est dans l'élevage que j'ai compris quelle était la malédiction qui s'attache à la notion "d'exploitation", or, sans exploitation, aucune société possible ! les simples chasseurs-cueilleurs exploitent leur milieu, les agriculteurs-éléveurs, leur terre et leur bétail, et les patrons, leurs ouvriers. En fait, chaque interaction humaine est une forme d'exploitation....alors après, que fait-on de ça ????
Rainette : oui, j'ai redoublé de soins pour celles qui restaient, et en me sentant dégueulasse, en plus. Je te le dis, j'en ai fini avec les animaux dits "de rapport" !
Les mots me manquent là, j'ai comme un noeud.
RépondreSupprimerSale épreuve...
C'est ingrat tout ça et injuste aussi, l'élevage c'est dur physiquement et mentalement et pour le couer aussi.
Et maintenant ces blessures ont elle cicatrisées?
Bises belle amie.
Blue
Anne, c'est dingue l'écho que votre récit a en moi... Lorsque mes parents ont du vendre leur ferme, après un accident de mon père, ils se sont "remis" dans la vie quasi citadine, apparemment plus douce. Mais maman, après ça, est devenue dépressive. Elle ne travaillait plus, elle avait une jolie maison, elle n'était plus obligée de lever à pas d'heure pour s'occuper des bêtes et filer aux champs. Tout avait changé. Pour nous les enfants: le confort et l'argent moins rare. Pour nos parents : une déchirure, eux qui passaient leur vie soudés et inséparables dans le labeur. J'étais assez jeune lorsque tout ça est arrivé, mais j'ai longtemps regretté notre vie d'avant. Les paysans qui sont contraints de quitter leur terre ne s'en remettent jamais, ça j'en suis sûre. Non, je ne crois pas qu'is se durcissent. Ils vivent en prise directe avec leur terre, ils l'aiment, elle les nourrit. Ce qui a changé, c'est le rapport à cette terre, mais cela, ce n'est pas du fait des paysans, mais de la folie de devoir produire toujours plus. L'engrenage immonde qui n'épargne personne. Dans mon enfance, j'ai appris ce qu'étaient le partage et la solidarité. J'ai appris cela de gens rudes, oui, mais ces valeurs me sont restées à jamais. Quand j'étais môme, on était fermiers, cultivateurs, éleveurs. On travaillait la terre, on tuait les bêtes, on partageait entre voisins. C'était il y a longtemps, à peine 50 ans...
RépondreSupprimerAnonyme : Oui, vous avez raison, il y a les paysans tels qu'on pu l'être vos parents, qui, exilés de leur sol, étaient déracinés ; mais il y a aussi tous ceux que j'ai pu voir, loin du beau cliché champêtre idyllique : abrutis de travail et d'alcool, seuls et incompris des "autres" que pourtant ils nourrissent, incultes, épais...ce ne sont pas la majorité, certes ; mais ils existent. En fait, "le" paysan, c'est un cliché fourre-tout où on met ce qu'on veut, peuplé de toutes nos imaginations, nous qui vivons dans une ère post-industrielle. Nous n'avons que la mémoire de ce que nous avons connu, mais il y a eu autant de paysans que d'exploitations agricoles, et chacun était différent des autres. J'ai connu des gens formidables, et des épaves, et des exaltés de "retour à la terre", et....tous les cas de figure, en fait.
RépondreSupprimerLa seule chose que j'ai pu conclure, c'est qu'à présent que l'agriculteur et l'éleveur sont des minorités, ils n'existent plus qu'en tant que mythe dans l'imaginaire collectif, mais sont invisibles dans la réalité de ceux qui pourtant se nourrissent tous les jours de leur peine et de leur labeur.
Il y aurait là matière à un vaste débat, ne trouvez-vous pas ? Aujourd'hui, on parle d'agriculture, mais plus beaucoup des hommes et des femmes de ce secteur, et on ne veut surtout pas se pencher sur ce qu'ils vivent ; leur condition, comment ils se sentent, eux, par rapport aux autres secteurs d'activité, tout cela, on ne veut pas le savoir.
Il y aurait pourtant tellement à entendre de tous ces gens qui ne disent pas, qui ne SE disent pas.....
Blue : tu sais, je crois que toute ma vie, j'aurais envie de n'avoir pas fait ça, et de rouvrir les portes du camion ; ceci étant dit, je vis quand même avec ça, faut pas pousser - ça fait partie du nombre des expériences désagréables qu'on fait dans la vie, et qui nous enseignent au moins sur ce que réellement nous sommes.
RépondreSupprimerEconomiquement parlant, il fallait le faire ; éthiquement, pour moi c'était trop fort, et j'ai compris qu'il valait mieux opérer un recyclage professionnel ; au bout de dix ans d'élevage, à me battre contre tout, je ne pouvais plus supporter la mort des bêtes, le poids de la conscience chaque année quand il fallait vendre les petits à l'engraisseur ; ce rapport à l'animal comme s'il était une chose, je ne peux pas l'avoir. Il valait mieux que je cesse, donc.
Mais je ne regrette pas cette riche expérience, ce vécu là, il m'a permis de comprendre d'où je venais.
reste à savoir quoi faire de mon futur, mais c'est une autre histoire.
Quelque part existe le visage de notre terre. Qui nous dira son nom ?
RépondreSupprimer[Andrée Chedid]
Une belle voix, cette dame-là ; et une belle phrase !
RépondreSupprimerC'est votre futur, Chère Anne,
RépondreSupprimerCette phrase est pour moi une invitation...
Lire, dire, continuer à penser.
Je reviendrai vers vous bientôt,
Françoise, ex anonyme....
Merci de votre visite, Françoise ! à bientôt donc !
RépondreSupprimerMerci de nous faire partager tes expériences même si celle-ci devait être une des plus pénibles de ta vie... tu as une belle âme...
RépondreSupprimerElleN : merci à toi d'avoir lu ! La vie a toutes les couleurs.....et il faut bien l'admettre !
RépondreSupprimerBon, les mouchoirs pollueurs sont pas loin,
RépondreSupprimerte lire, le coeur fébrile, c'est comme se payer une tranche d'Hugo (Victor) et savoir, une fois encore, que la VIE est la même pour chacun,
non pas les épreuves qu'elle réserve (tu as eu ton lot!) mais la valeur qu'elle recèle! Tu sais nous rappeler combien chaque être sait être cher, surtout quand il ne rapporte rien!
Cabri, c'est fini pour la boucherie,
et j'espère que tes biquettes, du fond de leur douce retraite, connaissent leur bonheur, à tes côtés, aimants!
Dom : bin, écoutes, elles n'ont pas l'air de se plaindre.....donc je suppose qu'elles se la coulent douce. :)
RépondreSupprimerc est dur a lire,vraiment...
RépondreSupprimercourage a vous
Merci, Nefertiti, le plus dur est passé, maintenant....
RépondreSupprimerAnne, les temps sont durs pour les rêveurs, partout, à toutes les croisées de chemin, les décourageurs guettent.
RépondreSupprimerL'élevage est une activité extrèmement ingrate,la vie et la mort se cotoient, la réussite est tellement aléatoire, l'échec si décourageant,la loi du vivant c'est trop souvent la loi du chagrin.
Les élevages, même ceux des paysans du cru au coeur parfois sec, on les voit s'arrêter de plus en plus, les villages se transforment en banlieues, les chemins se bitument et les voisins se plaignent du moindre coq.
Tout va dans le sens de dissuader la poursuite des rêves de ta vie. Tout à fait contradictoire d'ailleurs avec cette douceur de vivre, cette écolovie que chacun vante de loin.
Je crois que chez toi aussi les impots ne sont pas les ^=+)";?!§ que l'on pense si souvent. Tant mieux.
J'ai connu ces déchirements si particuliers de ces animaux sacrifiés lorsque mon beau-père élevait ses bretons. Elever des chevaux de trait, en voilà encore une drôle d'utopie. Pour les vendre à qui, pour en faire quoi...
Je sais combien tu dois te sentir vide de tous ces animaux partis
Tu as fait pour le mieux en diminuant sans arrêter complètement, tes rêves sont un luxe ? Et bien profite, vis dans le luxe des bottes pleines de gadoue, des carrioles de fumier et des naissances plus douces.
Tu va refaire tes forces et garder une petite part certes, mais belle. Repose-toi, tu l'as bien mérité.
Bises !
Merci Lulu, tu parles d'or ! oui, les chevaux de trait, c'est encore pire, leur principal débouché c'est la viande ! alors que c'est si joli, attelé ! les petits traits bretons sont de merveilleux chevaux, calmes et fiables, gentils comme on pense pas. Je comprends qu'on les aime ! et oui, je me repose, mais faut quand même que je trouve quoi faire !
RépondreSupprimerEn attendant les biquettes restantes se portent bien.
Bonsoir Anne,
RépondreSupprimerJe comprends ta tristesse au moment de laisser tes bêtes dans le camion. Tout en te lisant, j'en ai eu la chair de poule. J'aurais été tout comme toi.
Merci à toi pour ce récit où l'on ressent si bien tes émotions et ressentis.
Bonne soirée à toi, et douce nuit.
Gros bisous.
Merci, Françoise ! C'est vrai que dans une vie, on passe parfois par de drôles de moments !
RépondreSupprimerBonne soirée, grosses bises !
les mots sont fragiles et dérisoires sans-doute, quand des histoires de Vie comme celle-ci grattent au fond de la gorge!
RépondreSupprimerQue dire alors?
envoyer un peu d'air salé du grand large,
s'essayer à son plus beau sourire,
prendre la main en douceur et se taire...
et se sentir complice des colères majuscules!
bisous
j.j.
Merci J.J., c'est fou comme ça réchauffe l'air marin....bises en retour !
RépondreSupprimerC'est plus que de l'émotion qui m'étreint quand tu racontes l'histoire de tes trente deniers. Sale moment à passer pour toi et ces bêtes qui n'en étaient pas !
RépondreSupprimerOui, je ne me suis que rarement sentie aussi dégueulasse que ce jour-là, où j'ai dû faire choix de la mort "pour contraintes économiques" - c'est la dure loi de l'élevage, et je n'en pouvais plus, à tous points de vue.
RépondreSupprimerSale moment, mais heureusement, passé !
Je n'ai pas vécu cette expérience .
RépondreSupprimerMais j'ai dû , pour leur éviter des souffrances plus importantes , faire "piquer" deux chattes " et un chien .
Ces animaux étaient pour nous bien plus que des animaux .
Nous avions eu le chien à la fin de son sevrage , et les deux chattes , la siamoise dont j'ai déjà parlé et sa fille , étaient nées sur notre canapé .
Prendre la décision et aider le vétérinaire à l'exécuter est une épreuve majeure que je revis encore , dix ans plus tard , comme un vrai cauchemard chaque fois que j'y pense .
Vous avez vraiment eu raison de décider que vos chèvres ne quitteront jamais votre maison .
Je suis de tout coeur avec vous .
C'est la fin d'un paradoxe.
RépondreSupprimerJean : Merci beaucoup ! il y a des décisions dures à prendre et qu'il faut tout de même prendre, hélas.
RépondreSupprimerGaétan : C'est la fin d'un truc qui n'était plus pour moi, surtout !
Anne,
RépondreSupprimerJ'ai lu certains de tes commentaires chez Jean-Jacques, et 2 ou 3 billets ici sur ton blog... Trop de choses à dire, j'apprécie déjà le petit bout de femme (non péjoratif) qui s'exprime parfois avec colère teintée de tendresse, qui dit fermement ce qu'elle pense... Bref, une femme avec des Couilles! Heureux pour une fois, que ces attributs changent de propriétaire. Alors pour tes mots, pour ce caractère fort où point au travers des mots, une tendresse parfois à fleur de peau... Pour le plaisir de revenir en tes pages sans passer par la case départ, je te mets en lien sur mon blog... A bientôt de nous lire... MICHEL
PS : Reviendrai demain m'inscrire en tant que membre. Promis!
Oh ! Merci Michel ! très touchée, vraiment ! Bah, ne sommes nous tous pas un petit peu l'un et l'autre, tous sexués que nous sommes ? J'aime qu'un être humain trouve en soi la complétude...:) Alors merci pour ta marque d'estime !
RépondreSupprimerPas facile de voir ce que tu traverses dans ces moments là, dur dur...je t'embrasse Anne, passe une bonne journée...
RépondreSupprimerDerrière la "trahison"alimentaire il y a le courage de dire:"cet argent qui me coute tant"
RépondreSupprimermais qui suis incapable de tuer la mouche qui m'agace je sais pourquoi je suis presque végétarien et je change de trottoir quand je vois une enseigne genre "veau sous la mère".
On entends bien ton cri de douleur sous l'écrit.ça me triture aussi alors j'en parle:http://dusportmaispasque.blogspot.com/2010/01/lettre.html
Merci ! Michel, je ne suis pas du tout végétarienne, mais je crois qu'il est moins dur de bouffer une tranche de vache anonyme que d'envoyer sa bête bien connue et choyée "à la casse" - c'est vraiment pas pour moi, ça.
RépondreSupprimermerde ! J'ai manqué ton 40ième !
RépondreSupprimerJe viens juste de tomber sur le sujet. Un
RépondreSupprimerinspecteur des impôts qui propose de faire de la volaille au noir !!! Alors là... J'ai l'impression d'halluciner ! ;-) ;-)
Toujours est-il que c'est une bien triste histoire.
Je compatis.
De passage, je tenais simplement à te dire COURAGE... Je sais il en faut un max, face à la connerie humaine et tous les désastres qu'elle engendre... Mais il nous faut prendre le dessus, ne serait-ce que pour leur montrer leurs faiblesses... Je te sais forte, te connais peu, mes tes commentaires laissés du côté de Jean-Jacques, me laissent envisager une femme avec beaucoup de tendresse et forte en ses convictions... Alors, reste comme tu es... En toi, tu es belle, j'en suis convaincu.
RépondreSupprimerBisous à TOI...
Rainette : t'es une fan des comptes ronds ? :))
RépondreSupprimerTemps qui passe : Oui, moi aussi j'ai halluciné ! :) merci de ta gentillesse
Michel : Merci à toi.
oui, fan des comptes ronds mais pas control freak number éhé ! J'attends ton 50e avec impatiente ! :)
RépondreSupprimerouais des fois la vie te fait serrer les dents...Maintenant tu as la chance de savoir, pouvoir l'exprimer dans tes écrits, un exutoire comme la peinture ou autre , ca ne l'efface pas mais permet de s'en liberer pour continuer à avancer...bizz à toi
RépondreSupprimerj'avais été très profondément émue par ton récit, et je réalise que je ne t'avais pas laissé de commentaire...
RépondreSupprimerMerci de témoigner, et merci de nous aider à comprendre la lutte quotidienne, le courage, la ténacité, mais aussi le désespoir qui sont les tiens, ça permet aussi de relativiser nos (mes) soucis de citadin(e). L'amour que tu leur avais porté a certainement accompagné tes bêtes dans la bétaillère, comme il les avait nourries durant leur vie près de toi.
Crois-tu que l'élevage et l'abattage dits "bio" soient aussi respectueux que la garantie qui nous est donnée à nous consommateurs ? Je mange de la viande, le plus souvent bio, me donnant peut-être bonne conscience avec cela...
Tu poses des questions graves. Il est important de les entendre.
je dois être vigilante, plus que trois et hop, ce sera moi la Miss c......
RépondreSupprimerbon dimanche Anne
kiss
bon....si je fais un calcul savant....
RépondreSupprimer..si je laisse 2 coms, pas mal certaine d'être Miss cinquantenaire hein !!! hihi puisque je suis début cinquantaine hahah ! Ou moitié...
RépondreSupprimerje viens de lire, avec presque un mois de décalage par rapport à ce billet, aussi je ne pensais pas laisser de commentaires.
RépondreSupprimervous dire quand même que j'ai été très ému et les larmes aux yeux.
C'est avec un tout autre regard que je vais suivre l'actualité du salon de l'agriculture...
MERCI de ce témoignage.
votre aventure mériterait l'écriture d'un livre.d'autant que vous avez une expression talentueuse.
le ptit coucou du mercredi
RépondreSupprimerjuste pour dire....
;-)
Tu vas bien, Anne ? Juste un passage rapide pour te faire un petit coucou et te souhaiter une bonne semaine (déjà bien entamée, il est vrai... :-)). Gros bisous à toi !
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos commentaires, je suis hélas débordée en ce moment et tenue loin de ce blog, mais je compte revenir bientôt !
RépondreSupprimerça va couci-couça, Françoise, merci de t'en enquérir, mais je m'accroche.
Bises à tous.
Une petite pensée pour toi :-)
RépondreSupprimerCoucou ma douce anne,
RépondreSupprimerLe printemps est en avance sur mon blog, il a laissé un message pour toi!
Bises fleuries
Tu me fais tellement penser à ma mère qui aimait ses bêtes si profondément. Elle élevait des cheveaux nains et des chèvres naines.
RépondreSupprimerElle avait tout comme toi beaucoup de tristesse de perdre des bêtes par maladie ou à cause des coyotes ou autres.
C'est un fait aussi que ce n'est pas très rentable. Pour elle c'était une deuxième carrière après sa retraite de l'enseignement. Mal heureusement elle y a laissé sa santé à cause de la fièvre Q, des quelques fractures et de l'épuisement.
Je comprends tellement ta tristesse devant la mort des premières bêtes et la vente des suivantes :(
PS qu'est ce qu'un maquignon ? c'est un mot que je ne connais pas très bien, surtout dans ce contexte précis.
Eléonore : merci de ton commentaire ; un maquignon, c'est une personne qui achète aux particulier et le moins cher possible des animaux qu'il présente à la vente sur les foires à d'autres particuliers, pour les vendre le plus cher possible ; c'est aussi lui qui ramasse les bêtes pour l'abattoir. Certains manquent d'honnêteté, et ont des tas de "trucs" pour faire paraître une bête en meilleur état qu'elle ne l'est afin d'en tirer meilleur prix.
RépondreSupprimerPensées solidaires,Anne. Câlisse...
RépondreSupprimerSincèrement,
Yvan.
Bon week-end, Anne, et merci pour tes petits mots laissés sous mes photos ! Grosses bises.
RépondreSupprimerbonjour Anne,
RépondreSupprimerje voulais m' attarder ici depuis un moment, curiosité via Blue, c'est chose fait en lisant ce récit poignant.
Comme beaucoup, je connais les mains robustes des paysans puisque c'est de là que l'on vient, j' ai vu un très beau documentaire l' autre soir sur France 3, une série consacré à ceux et celles qui ont nourris la France entière d' après guerre et qu 'on estimait bien mieux qu'aujourd' hui.
http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoafIOvu.html
Il en faut un sacré courage pour continuer à faire ce métier qui n'en est pas un, qui est une vie.
Je le sais d'autant plus que le père de ma fille travaille dans le pastoralisme et la protection des éleveurs.
Où va donc l'intelligence politique d'un pays quand elle nie la vitalité de ce qui a fait sa force jadis: ses ancêtres, sa terre et ces immigrants ?
Pauvres de nous -
Amicalement,
laure
Bonjour Laure, oui, je sais qui tu es, on se croise chez Blue, et y a J.J. qui passe chez toi aussi à l'occase, et moi aussi, j'aime bien ton chez toi, mais je n'ai pas le temps de suivre tout le monde malheureusement - vaste, cette Toile !
RépondreSupprimerSujet terrible s'il en est, ce pays qui est en train de perdre peu à peu son auto-suffisance alimentaire, en tuant ses paysans à petit feu, en privilégiant une agriculture aussi déshumanisée que sa politique. Nous le paierons un jour, crois-moi.
En attendant....je n'ai plus qu'à chercher un autre chemin dans les broussailles !
ça prend aux tripes ton histoire !!!
RépondreSupprimertrop mal ... trop dur ....
j'aime tellement ces troupeaux mais bon quand on ne peut pas faire autrement ... on n'a malheureusement pas toujours le choix dans cette vie ...
Non, on ne l'a pas toujours. C'est pourquoi j'ai préféré cesser cette activiter, plutôt que de devoir l'exercer d'une manière qui ne me convient pas.
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