Litanies de mon triste cœur
Mon cœur repu de tout est un vieux corbillard
Que traînent au néant des chevaux de brouillard.
Prométhée et vautour, châtiment et blasphème,
Mon cœur est un cancer qui se ronge lui-même.
Mon cœur est un bourdon qui tinte chaque jour
Le glas d'un dernier rêve en allé sans retour.
Mon cœur est un gourmet blasé par l'espérance
Qui trouve tout hélas! plus fade qu'un lait rance.
Mon cœur est un noyé vidé d'âme et d'espoirs
Qu'étreint la pieuvre Spleen en ses mille suçoirs.
Mon cœur est une horloge oubliée à demeure
Qui bien que je sois mort s'obstine à sonner l'heure.
Mon cœur est un ivrogne altéré bien que saoûl
De ce vin noir qu'on nomme universel dégoût,
Mon cœur est un terreau tiède, gras, et fétide
Où poussent des fleurs d'or malsaines et splendides!
Mon cœur est un cercueil où j'ai couché mes morts...
Taisez-vous, airs jadis chantés, lointains accords!
Mon cœur est un tyran morne et puissant d'Asie,
Qui de rêves sanglants en vain se rassasie.
Mon cœur est un infâme et louche lupanar
Que hantent nuit et jour d'obscènes cauchemars.
C'est un feu d'artifice enfin qu'avant la fête
Ont à jamais trempé l'averse et la tempête.
Mon cœur.... Ah! pourquoi donc ai-je un cœur ? Ah! pourquoi
Ma vie et l'Univers ? la Nature et la Loi ?
15 novembre 1880.
Jules Laforgue
1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970
mardi 10 novembre 2009
Parce que y a des jours où...
Libellés :
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Fonctionne parfaitement, ton lecteur. Très joli.
RépondreSupprimerBises, Anne
L'oiseau
Ah ! je suis bien contente que ça te plaise ! Merci l'Oiseau,je t'embrasse
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas cet auteur...que veux tu, je suis dans le Bossuet en ce moment, peut pas etre partout, hi hi...et ton coeur à toi la sauvageonne, il va bien ?
RépondreSupprimerj'espère bien que oui, sinon, j'te prete le mien...
bise ma belle, passe une bonne journée, bien à l'abri de cette météo cacaboudin, pfff...
Magnifique poème de Laforgue, et j'aime aussi la bande son...
RépondreSupprimerHum, ton ciel est-il si bas et lourd mon intrépide amie?
Tendresse.
Blue
arrivée ici au hasard d'un clic
RépondreSupprimerJ'ai vu de la lumière et je suis entrée...
Suis envoutée par cette bande son qui met si bien en valeur le poème de Laforgue!
Poème très noir
et bande son cependant dansante
Les deux entremêlés: le regard (le coeur)noir et le corps qui ne peut s'empêcher de bouger
Paradoxe de l'humain sans doute
Enfin, c'est comme ça que je le ressens...
Pierrot : baisse de régime...ça passera...ici temps frais mais ensoleillé. T'as fais tes vitres ?
RépondreSupprimerBlue : il est, oui. De ce temps là j'ai le bleu qui prend un "s"....:)
Coumarine : bienvenue, repasse quand tu veux...exact, paradoxe...on peut toujours danser sa tristesse, n'est-ce pas, c'est encore un moyen de la tenir en laisse....
RépondreSupprimerles gens qui chantent, c'est "casse pipe", CD du même nom, 2000, wagram music, le reste de l'album est à écouter autant que cette piste...:)
Quel défaitisme !
RépondreSupprimerAllons , vite , un coup d'oeil par la fenètre .
La nature se repose en vue de l'éclosion du printemps .
Et qu'elle est belle malgré ce temps maussade !
Oui, Jean, elle est belle toujours, elle apaise toujours, elle reste Vie, toujours - même en ce temps de froidure....
RépondreSupprimerC'est beau comme du "anne des Ocreries"
RépondreSupprimerj'ai d'ailleurs cru ces larmes d'encre nées de ta plume,
pas étonnant que le blues te pèse au coeur quand tu meurs à 27ans et ta meuf aussi...comme si l'histoire était là pour allumer des veilleuses, éveiller des pleureuses...pour comprendre l'autre...empathie pour patrie;
en revanche je n'ai pas écouté la bande son en entier,
j'aurai préféré que la voix soit la tienne
et pas de musique pour étouffer ce cri, si beau dans le silence
MERCI anne
smaK
Merci Dom, t'as le droit pour la musique, hein, t'sais.....perso j'aime bien, et ce texte était juste de la bonne couleur ces derniers jours...
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerC'est en passant par Carole que je suis arrivée chez vous et c'est un plaisir...comme vous je déteste être enfermée dans une case et je déteste les jugements hâtifs.
Le poème est beau mais très triste, on a envie de le secouer ce coeur qui s'abandonne au spleen!
Amicalement
Marcelle
Beau, très beau...mais triste, triste... comme la saison...
RépondreSupprimerIl y a pourtant des rayons de soleil sur les feuilles d'érables si rouges
Anne, ma soeur Anne... le beau temps va venir...
PP
Paques : bonsoir et bienvenue ! Le secouer ? ne craignez vous pas de le voir alors sombrer dans la révolte des désespérés ?
RépondreSupprimerPomme : faudrait qu'il fasse vite alors, parce que nous ne tiendrons guère...!
Bonsoir Anne,
RépondreSupprimerMoi aussi, j'ai cru que ce poème était né de ta plume. Et je me suis dit : Anne n'a pas le moral. Et puis, j'ai vu en bas le nom de l'auteur. Alors, je me suis dit : ouf ! Mais si tu as mis ce poème, c'est qu'il y a bien une bonne raison, sûrement... Patiente, ma belle, les couleurs vont revenir :-)
Je t'embrasse fort, Anne.
Ce ne serait pas du luxe....Merci, Françoise, moi aussi je t'embrasse !
RépondreSupprimerAh ce bandonéon, aux accords comme des flèches qui transpercent le coeur d'une mort qui redonne vie... Oui, au fin fond de l'obscurité brille une grande lumière ! (oser aller au fond, c'est le plus difficile ;-)
RépondreSupprimerah, c'est Jules Laforgue... ah, c'est 1880, ah... comme c'est bien.
RépondreSupprimerFrank : t'en fais pas, le fond je le connais bien, j'y suis déjà tombée.....
RépondreSupprimerLucia : commentaire énigmatique !?
TOUT PAREIL pour moi. j'peux pas aider à positiver sur ce coup là : ) C'est très Baudelairien. Je trouve que la chanson est belle mais décalée (comme toujours comme on met la poésie en musique)
RépondreSupprimerBISe
Mince ! Carole, j'espère que ça ira mieux bientôt.... oui, la chanson est décalée, je trouve intéressant le contraste entre cette musique dansante et ces paroles sombres, "la beauté des désespoirs"....
RépondreSupprimerBon, les filles, allez on est là, en vie, pleines d'espoirs et de folies...
RépondreSupprimerje vous embrasse toutes les deux, life is great!
Amités réchauffantes et de braise...
Blue
Merci, Blue !!! Attends qu'on retrouve un peu de mordant, ça va gicler ! :)
RépondreSupprimerbonjour Anne,
RépondreSupprimerj'ai cru lire un Baudelaire inconnu à mes oreilles...C'est très beau mais ça fout le bourdon...Période morose...Please donne un coup de pied pour remonter à la surface, tu as plein de ressources, une grande force et du mordant. Je t'envoie un très gros bisou tout chaud qui claque...
J'ai les chiens de chasse au cul, et on a beau être louve, sous le nombre il arrive qu'on ploie ! et puis je suis lasse....
RépondreSupprimerMais je crois qu'il va falloir me secouer, oui.
Merci pour le bisou, je prends.
anne, ce petit détournement, en hommage à
RépondreSupprimerTON coeur:
Mon cœur est un vieux scribouillard, pas encore repu de tout
Que traînent aux néons des chevaux, des foulards, des fous
Promettez moi de vous y promener alentour
Mon cœur est un concert qui cogne
un bourdon qui teinte chaque jour
d'un dernier rêve en allé, plein d’étés, plein d’ atours
Mon cœur est un gourmand
Qui trouve tout meilleur qu’une danse
Mon cœur est un noyer fort d'âme et d'espoirs
Aux racines profondes, au faîte lancé haut
Mon cœur est une horloge oubliée à la ronde
Qui s'obstine à sonner l'heure de la fête à tous crins
Mon cœur est une cigogne altière bien que saoûle
De ce vin alsacien nommé Gewurtstraminner
Mon cœur est un lapereau tiède et drôle
Où poussent des fleurs des champs
Mon cœur est en cerfeuil, j'y ai planté mes mots
Afin qu’ils reverdissent, toujours les lendemains
Mon cœur est un tison , une escarbille jolie
Qui réchauffe chacun s’en approchant aussi
Mon cœur est une femme, une louche de soupe
Qui rassasie tout être ayant faim de lui
C'est un feu d'artifice, une lumière éternelle
Qui sert d’embellie à qui l’attrape, le serre contre lui
Mon cœur.... Ah! pourquoi donc n’ ai-je qu’ un cœur ?
Ah! pourquoi n’ ai-je qu’ une vie, qu’un seul Univers
Où rayonner sans cesse, encore, jours et nuits…
Ha merde ! tu m'as eue, là ! dès que j'ai fini de chialer je te dis MERCI...!!
RépondreSupprimerJe t'embrasse, ma Dom...
tiens, vl'a les clinex, et refile moi la boîte après, que j'en brode quelques uns aussi!
RépondreSupprimer;))
Ha ! bin on a bonne mine, tiens....:))
RépondreSupprimerBen oui, hier nettoyage complet de l'appartement, j'ai de la famille qui passe aujourd'hui...bonne chance en ce vendredi 13, pense à prendre un ticket de grattage, si tu gagnes, on partage, d'accord ? bise ma belle, bonne journée...
RépondreSupprimerLe médecin m'envoie voir un cardio ! pffff... je crois bien qu'il a rien compris il ferait mieux de lire ce poème !
RépondreSupprimerAllé courage, on les aura !
Oué, pour sûr ! Mais tu m'inquiètes là....tu me tiens au courant hein ? Qu'on sache ce que te trouve le morticole....!
RépondreSupprimerbises, Carole !
Bisou sauvageonne, passe un bon week end...
RépondreSupprimerquel bonheur de retrouver Jules Laforgue sur ton blog
RépondreSupprimerHélas un poète boudé puis ignoré de nos jours
Quel style il a!!!J'aime beaucoup
il a des mots qui se plantent dans le coeur ..toujours
Merci Anne
Hum ,lecteur? ;-)) j'ai pas retrouvé le site mais cétait celui là dont je te parlais
Et bravo en passant à Alterdom j'ai aimé son détournement de vive vie du poème
Bisous Anne porte toi bien
Pierrot : bon week end Pierrot, bisous !
RépondreSupprimerLyse : bon, alors je vois à t'expliquer ! contente que tu aimes Laforgues aussi....bisous Lyse, bon week end !
Quinze jours sans billet
RépondreSupprimerCa en valait la peine
le résultat est une merveille
merci Anne
Didier ! Bonsoir ! Quel plaisir de te lire, toi si peu loquace ! mais que je sais présent, toujours....
RépondreSupprimerTrès heureuse que ça te plaise !!!
Il pleut sur mon sud ouest, depuis 2 jours, j'en ai marre, j'vais me barrer en Bretagne, ou dans le centre de la France, tiens, là où y a des chèvres...bise à toi Anne, passe un bon dimanche...
RépondreSupprimerBonjour Anne, je ne pense pas que mon coeur au sens propre soit malade. par acquis de conscience on va aller y voir de plus près. Par contre celui dont parle le poème, le coeur : centre de mes affects et de mes émotions, c'est une autre histoire. J'ai fermé mon blog. Tout à coup je me suis sentie mal avec ça, mal avec ces illusions, cet façon de remplir les vides de ma vie de cette façon. Finalement je me suis sentie comme prise dans une toile d'araignée, un réseau de faux semblants.... Et puis je n'ai plus envie que les autres participent à ce qui se passe dans ma tête. Je reviendrai te lire, ma chère Anne et j'espère bien te rencontrer un jour. Je t'embrasse. Carole
RépondreSupprimerPierrot : j'ai passé le dimanche que j'ai pu...ici aussi c'est un temps de chiottes...et en plus, sans chauffage....!
RépondreSupprimerCarole : tu me manqueras, ta présence m'était chère - et pour moi il ne s'agit nullement de faux-semblant ou d'illusion : chacun est vrai, depuis son écran ! Oui, Carole, j'espère bien qu'on se rencontrera un jour !
Je t'embrasse, Carole, j'aimais te lire. Et....j'ai du mal avec les adieux, alors....au revoir, Carole !!! crois-tu que je vais t'oublier ? fermes les Miettes, mais ne les supprime pas, je t'en prie...que nous puissions y retourner picorer....!!!
XV' siècle
RépondreSupprimerL'Épitaphe de Villon ou " Ballade des pendus "
Ci-dessous le repentir de renégats à la potence.
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Anne, en lisant ce poème qui nous arrache la pelure de l'âme, j'ai pensé à Villon que j'ai déclamé dans ma jeunesse devant des adolescents (quelle atrocité à bien y penser!). En 1973, ai publié mon premier recueil dans le style de Jules, squelettes, pendules, mort dans l'âme.
Puis, avec les décennies, préfère de loin les chèvres alertes et les arrière-plans bucoliques. Rappelons-nous que pour rester en santé, il faut parfois faire sortir le pus de l'âme, car de trop se gratter on peut se donner la gangrène.
http://mapalettedemots.blogspot.com/2009/11/lane-ame-anne.html
RépondreSupprimerAnne, voici le fruit de ce que m'a inspiré, après Villon dont soit dit en passant je ne partage pas ces croyances vaporeuses, ton monsieur du XVIII' siècle. S'il a fait deux siècles, je devrais en faire autant!
En ce cas bonne chance pour la durée, Karl, et merci du lien ! Je vais aller voir cela...
RépondreSupprimerMoi aussi, jeune, j'ai eu mes heures sombres, à lire les poèmes obscurs et la dramaturgie....il faut bien que jeunesse se passe....!!! et avec le temps, c'est vrai qu'on s'éloigne de ces ambiances assez glauques...!
je partagerais bien un verre de Gewürz... Anne, lève "lesyeuxdanslescieux"...et...!!!
RépondreSupprimerbisous et belle journée à toi
;-D
Bon, puisque tu as aimé, voici un énième extrait...
RépondreSupprimer"Routes désertes 2007"
...Routes désertes
Blues saturé
De plaies ouvertes
A tant saigner
Les temps indécis
En contretemps
Rythment la vie
Ou son semblant
Bois palissandre
Bronze phosphore
Soufflent des cendres
D’un gris décor
Blanches ou noires
Venues d’ici
Epousent l’ivoire
Usée, jaunie...
J.Earthwood 2007
belle voix,les mots se font berceuse,la tristesse devient conteuse
RépondreSupprimerDoume : ni le vin ni les cieux ne me servent de secours ; en ce domaine, je me contente des deux mains qui se trouvent au bout de mes bras. Et lorsqu'elles font défaut, eh bien...alea jacta est !
RépondreSupprimerJ.Earthwood : jolis mots, dont je te remercie !
Francis : bonsoir et bienvenue ! Merci de ton appréciation !
Merci pour ces magnifiques poèmes.
RépondreSupprimerJe vous envie de vivre entourée d'animaux et de nature.....
Bonjour ElleN, et bienvenue ! c'est une chance et c'est une charge, mais où que nous vivions nous pouvons enchanter la vie, si nous le voulons....!
RépondreSupprimersans chauffage ? ben viens passer le week end chez moi, amène les chèvres, on les mettra dans la salle de bains ou sur le balcon...
RépondreSupprimermerci Anne d'etre passée voir Sandrine, elle est super cette petite nana, et c'est bien de l'encourager, ça fait toujours plaisir de recevoir un commentaire, je ne sais pas si tu en as déposé un...bisou, ne prends pas froid, et fais rentrer du bois bon sang...
Pas trop envie de t'expliquer la vie que je mêne ici, c'est assez compliqué, je n'ai pas vraiment le choix en fait. J'ai l'habitude...
RépondreSupprimerMerci de tes petits coucous, Pierrot, bonne journée !
P'tit coucou du dimanche, juste pour le plaisir, bon dimanche Anne...
RépondreSupprimerje me régale!!!
RépondreSupprimerMerci Saadou ! visite bien à ton aise !
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