vendredi 5 juin 2009

De porte à porte



La porte de derrière.

Celle-ci ouvrait sur un des jardins de mon enfance. Elle n'est pas munie d'une poignée que l'on tourne ou sur quoi on appuie, mais d'un loquet, sur quoi il fallait appuyer pour entrer, avec un "clac" sonore....

L'ouvrir, du temps que j'étais enfant, fut tout une affaire, un long apprentissage, et je ne fus pas peu fière lorsque j'y réussis.

Elle ouvrait sur un enclos qui était un jardin-de-derrière, chose courante ici ; le jardin-de-devant se trouvait de l'autre côté de la rue, la maison donnant sur celle-ci

Ce jardin-de-derrière, c'était d'abord un puits qu'on m'interdisait d'approcher, creux et ombreux, habité de plantes dont j'ignore encore le nom à l'heure qu'il est. Il était fermé d'un mur où couraient les agiles lézards gris, et sur le faîte duquel dormait, bien sûr, un chat - chats gris et pelés faméliques, parfois galeux, toujours sauvages, dont l'oeil sévère suivait vos déplacements sous les paupières mi-closes, chats de ferme ou chats de rue, princes encore dans la misère, et qui narguaient tous mes efforts de conciliation ; parfois une chatte de hasard montrait, dans sa portée d'avortons, une bête plus belle de pelage, moins farouche que les autres, et qui, trouvant alors preneur, revenait chez les hommes.

Deux ou trois vieux fruitiers montraient leur tronc tordu, un rosier penchait ses tiges au dessus du puits, car ce jardin étrange était la marche d'un escalier descendant du haut du bourg jusqu'au lavoir : aussi, une ruelle de terre battue montait, sur un côté, vers la rue-haute, la rue principale qui traversait ce bourg qui n'en compte que quatre, et, de l'autre côté, assise par terre, jambes dans le vide, le long d'un mur de renfort, je pouvais contempler d'en-dessus le jardin-de-derrière des voisins d'à côté, plus bas.

Je ne l'ai pas vu longtemps cultivé. Aujourd'hui, tondu, il héberge quelques plantes, et la table-à-manger-dehors, sous son parasol à franges. Une paire de chaises longues en complète le décor.

Mais les vieux arbres fruitiers vivent encore, survivant à mon enfance, et contre le puits qui ne sert presque plus, un rosier penche encore ses fleurs, en été.

2 commentaires:

  1. J'ai connu un jardin comme cela, c'était celui de mes grand-parents qui courait jusqu'à la rivière, en bas. Dans celui d'à-côté, qui n'était séparé par aucune barrière, les ruches du voisin. Et près de la remise, en haut, les clapiers avec les lapins de mon grand-père.C'était un jardin très rustique mais aujourd'hui, il est sans doute transformé en pelouse d'agrément.

    L'oiseau

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