dimanche 7 juin 2009

Auto-portrait fragmentaire



Je suis la Sauvage

Je suis la Sauvage sur son chemin de terre
Allant au pas des ânes vers l'horizon fuyant
Sans hâte sans un détour
Et vos murs ne sont pas pour moi

Je suis la mal vêtue
Ma défroque est en ruine
Déchirée aux ronciers où j'ai passé farouche
Pour ne pas être vue, en silence, comme un chat

Je suis la mal coiffée aux cheveux indociles
Mais si vous me plaisez je saurais vous sourire
Peut-être oublierez vous que je ne suis pas jolie
Je suis la Sauvage revêtue de mots

J'ai touché les étoiles à la force de mes rêves
J'ai senti sur ma peau le froid, la pluie, le vent
Et l'âpre liberté des errants de tout poil
J'ai eu faim, j'ai eu peur, mais je sais encore rire

Je suis l'Inaperçue mais moi, je vous regarde
D'un peu loin, de côté : ne vous offusquez pas
Ce n'est pas du mépris, juste de la distance
Trop près vous m'effrayez, trop loin vous me manquez

Malhabile à m'offrir et malhabile à prendre
En retrait je me mets mais vous m'intéressez
Je guette vos sourires comme on cherche à manger
J'ai soif de vous connaître mais en même temps je tremble

Je suis la Sauvage, et l'ombre est mon amie
Je m'y plais, je m'y vautre, j'ai peur de vos regards
Et pourtant je me montre, et pourtant je me dis
Voyez, je sais donner, j'ai tout de même à offrir

Ma solitude choisie est peuplée de vous tous
Vous m'êtes des questions toujours cherchant réponse
Je ne suis jamais là et pourtant jamais loin
Je suis juste à côté sur le chemin de terre

Je suis juste à côté

6 commentaires:

  1. Vous êtes un chat, Anne.
    Comme la Sauvage qu'avait apprivoisé Bounty; ne faites pas comme elle, ne disparaissez pas...
    PP

    RépondreSupprimer
  2. Il est touchant ce texte...merci

    RépondreSupprimer
  3. RascasseFruitee16 juin 2009 à 11:06

    Brassens tenait les même propos pour Hélène et finalement l'histoire se termine bien..

    Bonne journée m'dame

    RépondreSupprimer
  4. ma Douce ma Tendre ma Belle Sauvage

    à lire ces mots ma gorge s’étrécie, mon cœur tangue,
    non seulement tu t’offres ici dans la générosité de ta pudeur,
    mais tu donnes tout grand ton cœur à qui peut l’approcher,

    écris jusqu’à perdre haleine, tricotes nous des écharpes anti pluie,
    des passe montagne pour affronter le Cher,
    mitonnes nous des mitaines afin que nos mains se rejoignent
    dans l’effleurement des claviers, dans les battements de joie
    à l’unisson des cœurs, dans le serrement de l’amitié

    RépondreSupprimer
  5. Oui,ma Domivivre, je vais ! Merci beaucoup de tes beaux mots en écho..........

    RépondreSupprimer

allez, dites-moi tout !