mercredi 20 mai 2009

Carole - 3



Carole (3)

Seulement quand on est sans les adultes, Carole elle fait toujours des mines, mais elle ose, et toute la méchanceté qu'elle cache elle lui fait drôlement voir le jour dis donc ! Elle dit que des vacheries. Le pire du pire, c'est si j'ai le malheur d'être toute seule avec elle et ses copines et pas un seul copain à moi, qu'est-ce que je déguste, mais après à l'école on est tous et je me venge.

Et cette semaine, elle a été infecte Carole, elle en profite parce que les grandes personnes la trouvent sage et jolie et ils l'excusent toujours de tout alors elle joue à faire punir les autres Carole, et Michel qui habite une ferme à la sortie de la ville il dit que c'est une vraie salope cette fille-là. Lundi, elle a fait pleurer Djamila qui vient d'Algérie, elle parle le français et aussi l'arabe Djamila, c'est fortiche moi je trouve parce que moi je parle que le français ou des fois le patois d'ici, mais Carole elle a sa copine Valérie qui apprend l'anglais pour avoir une bonne éducation qu'elle dit sa maman. Valérie c'est peut-être la fille la plus riche de l'école, il est directeur de quelque chose son papa, et elle a appris quelques mots à Carole qui fait sa fière avec ça elle m'énerve Carole. Alors d'habitude quand elles embêtent Djamila elles rigolent d'elle parce que quand elle s'énerve elle les insulte en arabe mais là elles l'ont vraiment fait pleurer. Elles, elles ont toujours des jolies robes, avec des couleurs douces et de la dentelle sur le bord et tout, mais jamais Djamila. Elle, quand elle met une robe, sa maman lui met un pantalon en dessous, à cause d'un monsieur Moramed que je connais pas et qui ne veut pas que les dames montrent la peau de leurs jambes. Et les collants, je crois que c'est son papa qui veut pas parce que c'est trop collant justement. Alors Djamila elle a sa jupe et un pantalon dessous et comme elle met que ce qu'elle a les couleurs c'est parfois un peu bizarre, mais nous on s'en fout parce que on l'aime pas pour ses habits Djamila, mais elle des fois elle voudrait bien être comme nous. Quand elles l'ont vu Djamila lundi, Carole et Valérie et les autres, avec un pantalon vert et une jupe violette, elles ont rigolé comme pas possible, et Djamila les a d'abord insulté en arabe et elle s'est fait gronder par la maîtresse qui veut entendre que du français dans l'école de la république, Carole et toute sa bande ont rigolé encore plus, et Valérie a pris des airs comme ça avec le nez en l'air pour dire que vraiment quand elle sera grande et qu'elle fera la bonne chez les gens qui ont du goût il faudra qu'elle se décrasse un peu, et Djamila a eu beaucoup de chagrin, elle a pleuré Djamila parce que tout le monde lui parle tout le temps de quand elle fera la bonne plus tard ou de l'usine mais Djamila elle, elle veut faire maîtresse d'école et ça lui fait peur l'avenir à cause de ça.

Après le mercredi Carole elle est venue à la maison parce que sa maman travaille et elle a été odieuse pour changer, elle a déchiré mon livre de lecture et quand j'ai crié dessus elle est allé le dire à ma mère et c'est moi qui a été grondée parce que cette pauvre chérie l'avait pas fait exprès tu parles, moi j'ai vu elle chagnait et quand je lui ai tiré la langue elle a attrapé vite une page et elle a tiré, alors hein pas exprès tu parles.

Et hier, elles se sont moqué de Florence qui était venue avec une poupée mannequin toute neuve qu'elle a reçu pour son anniversaire mais elle n'est pas aussi belle que les leurs bien sûr, et Florence aussi a pleuré. C'était sa première poupée mannequin et elle était toute contente et elles lui ont tout gâché sa joie et on a eu du mal à la consoler Florence et Michel a encore dit que c'était une vraie salope celle-là.

Alors tout à l'heure, quand je l'ai vue Carole sur le trottoir toute pomponnée avec sa robe blanche à trous, qui attendait que les grandes personnes aient fini de discuter pour aller en ville avec sa mère où on doit ENCORE lui acheter une nouvelle robe et des chaussures vernies, ça m'a fait tout drôle. Je la déteste tellement que je ferme le poing dès que je la vois. Moi comme on sort pas tout de suite nous, j'ai un short et un vieux pull "à salir" qu'elle dit ma mère parce que si j'étais plus soigneuse on aurait plaisir à m'habiller mais je sais pas rester propre y paraît. ça tombe bien parce que moi je veux pas qu'on me déguise comme ça après tu peux plus bouger pour pas salir c'est tuant ! Et il y a François et Florence aussi et on a les vélos pour jouer à l'attaque de la diligence c'est Florence la diligence et François et moi on est des outlaws et on va piquer tout l'or et on va bien rigoler, mais là on regarde Carole et sa belle robe et on est écoeurés mon vieux tellement elle se croit. Il a plu hier avec de l'orage et il y a une grande flaque à côté d'elle, je vois.

Alors soudain ça me prend, je lance mon vélo très vite et splatch ! Je roule dans la flaque et toute l'eau boueuse arrive sur la robe de Carole qui crie et qui pleure et les copains sont morts de rire et moi aussi mais pas longtemps.

Les parents déboulent et Florence et François se barrent en pédalant vite vite. ça crie de tous les côtés tu pouvais pas faire attention non et je dis que j'ai pas fait exprès mais Carole elle crie menteuse en pleurant et sa mère l'emmène pour la changer et elles vont rater le car, et mon père pendant que ma mère me crie dessus il est allé dans le garage et il revient avec le martinet et là ça va vraiment être ma fête, il m'attrape et je crie non non, je me débats mais il y arrive quand même, il est fort mon père, j'ai le short et la culotte sur les chevilles, comme ça dans la rue mon vélo par terre et il cingle, ça claque fort sur mes cuisses et je hurle parce que j'avais jamais eu mal comme ça encore. Il fouette fort mes cuisses et mes fesses et les mollets aussi, mais surtout les fesses, j'ai si mal que je fais pipi et ma mère crie que arrête quand même tu vas la tuer voyons et elle me traîne dans la maison, elle me change et moi je crie autant que je peux tellement j'ai mal, sur ma peau c'est plein de traits rouges foncés qui gonflent et qui piquent, et ma mère gronde que allons hein ça suffit la comédie si j'étais sage ça n'arriverait pas. Mon père a rangé le vélo et le martinet, il dit que faudra se tenir tranquille maintenant et que je suis punie dans ma chambre et moi je pleure et j'espère que les copains ont pas vu mon derrière ni la fessée parce que la honte. Plus tard je les entends mes parents ils parlent avec la maman de Carole dehors et ils disent qu'ils sont désolés et que les gamins c'est pas possible les tours de cochons qu'ils inventent et la maman de Carole dit que mais non c'est pas grave c'était que de la boue et Carole dans une autre robe renifle encore et ma mère la cajole avec des bonbons c'est dégueulasse.

Carole, elle me la paiera ma raclée.
(à suivre)


1 commentaire:

allez, dites-moi tout !