lundi 27 avril 2009

L'absence



L'Homme est parti ce matin, pour une semaine, s'éclater au bord de la mer avec "la bande", et moi pas.

Moi pas, à cause de tous nos animaux dont il faut s'occuper, et du temps bof bof mais en vrai je m'en fous, et surtout de la vie en groupe qui m'est particulièrement difficile.

Nos amis sont super et je les aime bien tous, seulement je n'ai jamais pu fonctionner en meute, je suis une sauvage dans tous les sens, solitaire (mais bien entourée), avec ce besoin d'isolement qui fait que ma très faible tolérance à la promiscuité me rend assez peu sociable ; mais pas asociale, attention !

Ils vont casser les oreilles aux mouettes sur la plage (je vois d'ici ces volatiles excédés, des touffes de varech dans les oreilles pour pas entendre....), ils vont pêcher les coquillages à marée basse, ils vont cuisiner d'odorants potages pour les retour au gîte après les randos sous la pluie, ils vont jouer de la musique et chanter, rire et s'amuser, refaire le monde jusqu'à point d'heure, et goûter tous ce qu'ils pourront des produits de la mer, c'est chouette !

Ils vont laisser les soucis derrière pendant toute la semaine, et juste penser à vivre, ce sera leurs souvenirs à eux, je ne les aurais pas partagé, bien que j'aie été conviée mais le moyen de laisser une ferme, chèvres, chevaux, chienne, chats, volailles ! La mer ne va pas disparaître demain, je la verrai plus tard, une autre fois....

Et puis, j'avoue : c'est un peu égoïste mais l'Homme, absent pour son travail si longtemps chaque jour, n'est plus tout à fait "à moi" avec "la bande" autour, c'est une autre vie plus sociale, quand ce qui me ferait du bien c'est NOUS DEUX TOUS SEULS, ensembles quelques part, pour qu'on se retrouve ; pour qu'on n'oublie pas de se regarder, pour qu'existe de nouveau, ou encore, cette entité que nous avons bâti, ensemble, depuis vingt-deux ans déjà.

"Il" est parti aérer son jardin secret, et vivre quelque chose "à lui", "pour lui", c'est pour cela que je ne suis pas triste. Il va rapporter du bonheur, et le plaisir des retrouvailles, il va prendre l'air et peut-être se reposera-t-il un peu (hum...quoique...avec "la bande" !), il va rapporter ses bras autour de moi et ce sera bien, dimanche, à son retour.

D'ici là j'aurais vécu ; j'ai du linge dont je dois m'occuper, peut-être confectionnerais-je une jupe neuve ; mon jardin a besoin, et puis les bêtes sont là, à surveiller et à soigner, et j'irais le soir carresser les longues oreilles douces de "son" âne, puisqu'il sera absent....

J'ai plein de livres à lire, et je ne crains pas l'ennui ; j'ai des photos à scanner, des promenades remises tous les jours, sur notre poney blond...

J'ai mon piano qui se réjouit de toutes ses touches, et pour moi seule, les cygnes qui dansent sur la rivière en face.

Je suis bien ; "Il" va revenir. Moi aussi, je vais vivre ma-vie-à-moi, durant ce temps. Oh, je la ferais jolie ! Soyez sans crainte...

Je tremble juste pour les trajets, parce que je suis anxieuse, et que je redoute l'accident, la tuile, le sort injuste qui pourrait se mettre entre nous....
Mais chut ! il n'en faut pas parler, le possible n'est pas forcément le probable, le probable n'est pas forcément le certain.

"Il" est parti, et - allons, d'accord, je vous le sussure mais ne le répétez pas, hâtez-vous de n'y plus penser - je me sens juste un peu flottante, soudain....




4 commentaires:

  1. Je te découvre Anne et ton écriture, ta vérité, ta vie, me touchent et m'émeuvent. Je n'ai pas tout lu, juste grapillé, en passant, parce que je remonte un peu à la source. Le ton du premier billet m'intéresse souvent. Nous sommes différentes, mais avec plein de jolies ressemblances. Ta parole est libre et c'est vraiment intéressant. Allez, je poursuis un peu ma remontée. A plus ...

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  2. Merci Lily, bienvenue - bonne vadrouille sur le blog, puisses-tu y trouver de quoi caler un coin....

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  3. la juste mesure...

    à te lire on se sent tellement parmi vous et tellement à côté, de cette merveilleuse union qui fait VOUS!
    comme tu sais bien l'évoquer cet ailleurs avec lui, ce sans-lui-qu'est-toujours-là, cet espace à envahir,
    à introspecter, grâce à sa fugue musicale...
    la juste distance pour ne pas s'étouffer...pour se régénérer, se retrouver toujours...

    j'espère qu'il aura eu le tact de te ramener ces deux touffes de varech seyant si bien aux mouettes
    (je ne savais pas qu'elles avaient des oreilles!) en cas de raffut dans ton quartier...à l'heure du brame,
    ou du Brahms!

    et qu'il est mimi le Goupil sur cette photo!

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  4. Hihi, la touffe de varech, c'est mon imagination délirante qui s'invente des cartoons, les mouettes ont des tympans, bien sûr, elles ne sont pas sourdes, mais pas de pavillons, aucun oiseau n'en a !
    Oui, hein, qu'il est mimi ? il me regardait....
    Voilà, ce qu'il faut retenir, c'est que quand l'Autre est là, où qu'il soit nous restons ensembles ! mais il faut se garder du temps sans l'Autre, oui, pour ne pas s'habituer, pour continuer d'exister en tant que personne-en-soi !

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allez, dites-moi tout !