Bernard (11)
Le lendemain Bernard sauta du lit avec le coeur au bord des lèvres. C'était le grand jour. C'était ce matin. Il prépara quelques affaires dans un sac, savait quoi prendre, connaissait ses besoins. Il fit une toilette sérieuse, s'habilla de propre. Chargea son arme, après avoir vérifié son fonctionnement. Ça allait. Fernando avait bien fait les choses, c'était du bon matériel. Il essayait de se calmer, pas question de perdre la tête, tout devait marcher droit aujourd'hui. Il rangea la piaule de son mieux, jetant autour de lui un dernier regard circulaire avant d'abandonner les lieux, salua la rue une dernière fois depuis la fenêtre. Laissa la clef de la chambre sur la table, bien en vue, à côté il avait rangé le reste de ses affaires soigneusement, dans des cartons. Il sortit, son sac en bandoulière, tira la porte et s'en alla.
C'était encore très tôt, et il tua le temps de son mieux en attendant que dix heures s'annoncent au cadran de sa montre. Quand il fut l'heure il quitta le bar où il se trouvait, sac à l'épaule, et se dirigea vers la petite agence bancaire qu'il avait repéré. Il n'y aurait pas trop de monde à cette heure-ci, ça rendrait les choses plus faciles. Il n'avait aucune envie de tuer une autre fois Bernard, la fois précédente ça avait été un accident de toute façon, à cause de ce con de caissier, là il voulait que ce soit différent. Il jeta un regard à l'intérieur, juste quelques personnes et le personnel, allons, ça allait. De son sac il tira des gants et une cagoule qu'il enfila, regardant brièvement autour de lui, prit son arme au poing et se rua à l'intérieur. Savait qu'il était déjà repéré, il avait vu les caméras, l'alerte devait être déjà sonnée quelque part. D'une voix brève et rauque qu'il ne reconnut pas il enjoignit aux clients de se barrer, les précipita vers la sortie, une femme courut en criant, et tint en joue les deux employés. Il était sûr que l'un d'entre eux avait déclenché l'alarme au commissariat le plus proche, il leur avait laissé le temps de le faire en évacuant les gens. Il lisait clairement la peur, et même l'épouvante dans leurs yeux, il avait envie de les rassurer Bernard, presque de s'excuser, il n'avait pas l'intention de leur faire du mal et tendait l'oreille, attendant les premières sirènes. Jusque là tout allait bien, tout marchait comme prévu. Attaque à main armée, récidive, ça ferait déjà un bon solde, restait la cerise sur le gâteau et le compte serait bon. Il fit descendre les volets roulants et attendit.
Dehors les flics se déployaient au pas de course, sécurisaient la zone, ça y était, il était coincé. Un négociateur muni d'un porte-voix entra en contact, il ne répondit pas, entrebâilla la porte, visa soigneusement une bagnole pas très loin du gars et tira, sûr de le rater, mais il fallait qu'il ait l'air méchant. Ça faisait partie du jeu. Car aujourd'hui il ne braquait pas Bernard, il jouait à le faire - sauf qu'il était le seul à le savoir. Ça s'agitait dehors, il tira en direction de chaque mouvement entrevu, plus ou moins en l'air, le plus possible à côté, c'était pas un sanglant Bernard, et aujourd'hui il se jouait, il leur jouait, le film policier qu'ils avaient tous envie de vivre un jour. Ça leur ferait des souvenirs, tiens, aux deux caves encravatés qui tremblotaient par terre, couchés à plat ventre sur la moquette. Dehors plus rien ne bougeait, il savait qu'ils préparaient l'assaut. C'était là qu'il fallait être attentif et ne pas faire de faux pas, il n'avait pas envie de se prendre une bastos Bernard, il savait que les gars d'en face ne prendraient aucun risque et qu'il avait mis sa peau dans la balance. Il avait déjà tiré quatre balles. Il était sûr qu'en face ils avaient compté. Quand le porte-voix retentit de nouveau, il sentit qu'ils étaient prêts. C'était maintenant qu'il fallait serrer les dents, ça allait être le pire moment. Il tira ses deux dernières balles, un peu au hasard. Son flingue était vide, ils n'allaient pas lui laisser le temps de recharger. Il recula contre un mur, l'arme vide dirigée vers les deux hommes à terre qui avaient sursauté à chaque coup de feu, s'attendant à mourir, et haletant, tendu, en sueur, attendit l'assaut. Dehors ça s'était mis à galoper. Ils allaient péter la vitrine ou la porte, ou passer ailleurs mais ils allaient entrer, sûr. Un grand fracas accompagna leur entrée en scène, et il fut mis en joue, des hommes surgissant de plusieurs issues à la fois, bardés de protections, arme au poing, convergeant vers lui.
Il lâcha son arme à la première injonction, leva les mains, se laissa empoigner brutalement et bousculer sans ménagements, resta silencieux tandis qu'on le menottait, s'exclama juste : "Mon sac !", comiquement, avant qu'on ne l'entraîne. Un policier attrapa le sac, s'assura de son contenu et jeta un regard surpris à Bernard qui se laissait emmener sans la moindre résistance. Il était content Bernard, cette fois ça n'avait pas saigné. Avec six coups de feu tirés en direction des forces de l'ordre, il savait qu'il en boufferait pour un moment, on ne lui ferait pas de cadeaux.
(à suivre)
Bon sang! Mais c'est bien sûr! Retourner en tôle!
RépondreSupprimerPlus de soucis, la bouffe assurée, pas besoin de travailler trop dur...mais... c'est quand qu'on baise???
PP
Rhôôôô ! Pomme ! voyons, hihihihi !
RépondreSupprimerMais bonne question, tiens, justement. De quel droit leur ôte-t-on "cela", aussi ?
????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????
RépondreSupprimerAttaaaaaaand !!!! suite & fin demain, puis "genèse" jours suivants !
RépondreSupprimerDu même droit qu'on l'a ôté aux curés..
RépondreSupprimerdu droit des cons..;
PP